Douaumont, village détruit

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« Commune héroïque dont le nom doit être fidèlement gravé dans la mémoire des générations à venir. A disparu jusqu’à la dernière pierre dans l’effroyable tourmente, synthétisant ainsi pour les défenseurs du sol, le foyer commun menacé.
A par la magie de ses ruines, décuplé l’énergie et la vaillance du Soldat de Verdun, au cours des combats acharnés dont elle a été le témoin et l’enjeu. S’est acquis des titres à la reconnaissance éternelle de la Patrie
. » Citation à l’ordre de l’armée (9 septembre 1920).

Le nom de Douaumont, du latin « divus mons » : mont divin, indique que le village est d’origine très ancienne, vraisemblablement de l’époque gallo-romaine. Au XIIe siècle, Douaumont est une dépendance du Comté de bar, affranchi en août 1252 par le Comte de Bar et l’Abbesse de Juvigny.

Situé à 380 mètres d’altitude, le village de Douaumont est un site culminant sur les Côtes de Meuse dans l’arrondissement de Verdun. Localisé sur un rempart naturel entre le fleuve Meuse et la plaine de la Woëvre, le village comprend une cinquantaine de maisons réparties sur un axe principal composé de la rue Basse et de la rue Haute, et sur la rue Soupe à l’eau. La ferme de Thiaumont se trouve à un kilomètre au sud.

L’église de Douaumont, datant du XVIe siècle, est placée sous le patronage de Saint Hilaire. La vie du village est calme et paisible, principalement consacrée à l’élevage et à l’agriculture.

En 1885, la construction du fort de Douaumont (prévu par le plan Séré de Rivière) bouleverse la vie du village. Des expropriations ont cours. L’arrivée massive d’ouvriers voit la population passer de 192 habitants à 576 en 1886. Les militaires viennent ensuite et prennent possessions des lieux. A la fin de la construction du fort, la population décroît et on dénombre 288 habitants en 1914.

La Grande Guerre et la destruction

La déclaration de guerre en août 1914 met fin à la quiétude du village. Malgré l’ordre d’évacuation, beaucoup d’habitants refusent de partir et la vie continue son cours en cohabitation avec les troupes stationnées à Douaumont.

Début 1916, la menace se précise et l’autorité militaire évacue d’office le village. Le départ définitif des derniers civils s’effectue aux environs du 17 février. Au début de l’attaque allemande sur Verdun, le village subit les tirs d’artillerie. Après la chute du fort de Douaumont, le 25 février, il devient le théâtre de violents combats. Le village est une position primordiale dans la bataille de Verdun. Dans la nuit du 25 au 26 février, les Français, qui veulent reprendre le fort, renforcent les lignes de défense et emploient massivement l’artillerie. Les Allemands, quant à eux, veulent le conserver et lancent cette même nuit plusieurs patrouilles d’infiltration qui sont repoussées.

Le 26 février 1916, la 5ème Division allemande, qui tient le front devant Douaumont, tente de s’emparer du village, Des assauts, menés par le 12ème Régiment de Grenadiers et le 52ème Régiment d’Infanterie, échouent et ces régiments subissent de lourdes pertes.
Le 27 février en milieu d’après-midi le village subit des tirs d’artillerie importants. Les Allemands montent à l’assaut du village et se battent au corps à corps dans les rues avec les défenseurs français. Le lendemain, ils engagent de nouvelles forces, sans résultat. Les pertes sont importantes de part et d’autre.
Le 2 mars au soir les Allemands occupent le centre du village détruit.
Le 3 mars, les troupes françaises réinvestissent Douaumont et repoussent une nouvelle offensive allemande.
Le 4 mars, les troupes françaises résistent à un nouvel assaut allemand. Malgré une résistance acharnée, les défenseurs sont contraints de se replier après de durs combats au corps à corps et une tentative de contre-attaque.
De nombreuses actions sont menées jusqu’au 24 octobre 1916, date de la reprise du fort et du village de Douaumont par le 1er Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc.

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Après la Guerre

Dès 1919, les habitants de retour ne retrouvent qu’un immense champ de ruines et de trous d’obus, un paysage lunaire. La reconstruction du village est impossible due à la dangerosité du site.
Douaumont est classé en « zone rouge » avec interdiction de reconstruire les habitations et de remise en culture des terres. Le village est « Mort pour la France ».
En 1920,une Commission municipale est nommée par le préfet du département de la Meuse.
En 1926, un monument aux Morts est érigé sur lequel figurent les noms des 11 hommes de Douaumont tués au combat.
Le 28 août 1932, la chapelle du souvenir est inaugurée, construite à l’emplacement de l’ancienne église pour perpétuer la mémoire du village disparu.

Charles de Gaulle à Douaumont

Charles de Gaulle, Président de la République Française de 1959 à 1969, combat à Douaumont en 1916, il appartient au 33ème Régiment d’Infanterie

Du 26 février au 1er mars, le 33ème Régiment d’infanterie opère sur la rive droite de la Meuse. Le fort de Douaumont est occupé depuis le 25 février par des éléments du 24ème Régiment Brandebourgeois, unité d’élite de l’armée allemande.
Le 2 mars 1916, le capitaine de Gaulle monte au combat sur le village de Douaumont avec la 10ème Compagnie du 33ème R.I. Son bataillon est totalement détruit par les Allemands. Le capitaine de Gaulle est blessé par un coup de baïonnette, il est laissé pour mort sur le champ de bataille. C’est à titre posthume qu’il reçoit la citation suivante : « Le capitaine de Gaulle, commandant de compagnie, réputé pour sa haute valeur intellectuelle et morale, alors que son bataillon, subissant un effroyable bombardement, était décimé et que les ennemis atteignaient la compagnie de tous côtés, a enlevé ses hommes dans un assaut furieux et un corps à corps farouche, seule solution qu’il jugeait compatible avec son sentiment de l’honneur militaire. Est tombé dans la mêlée. Officier hors de pair à tous égards »

Grièvement blessé, fait prisonnier, il est soigné par les Allemands. II passe sa captivité au camp d’Osnabrück (Basse Saxe) en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Il tente par cinq fois de s’évader. Il est libéré après l’armistice du 11 novembre 1918.

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