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Ce monument, le plus ancien du champ de bataille de Verdun, a fait couler beaucoup d’encre. Le texte suivant, tiré du panneau explicatif du site, retrace l’histoire de cette légende des « Soldats morts enterrés vivants en attendant de monter à l’assaut ».
Le monument provisoire de la Tranchée des Baïonnettes
En décembre 1918, parcourant le champ de bataille, l’abbé Ratier, brancardier en 1916 du 137e RI aperçoit sur la crête de Thiaumont, sortant de terre, quelques canons de fusils. En réponse à cette étrange découverte, le commandant du régiment fait ériger un petit monument commémoratif surmonté d’une croix. La presse locale se passionne pour ce lambeau de « terre sacrée » où les « morts montent la garde ». Très vite, au fil des récits, les fusils disparaissent au profit des baïonnettes, arme blanche plus évocatrice de l’horreur des combats auprès d’une opinion publique émue par de tels faits. Ce monument régimentaire, seul dans ce paysage dévasté, attire alors l’attention des pèlerins, en particulier celle d’un banquier américain, George T. Rand. Ému par la force et la solennité de ce lieu, il offre 500 000 francs pour faire ériger un monument dédié aux héros de Verdun. Il est aujourd’hui le plus ancien monument du champ de bataille de Verdun.
Le monument de la Tranchée des Baïonnettes
Conçu par André Ventre, architecte des Beaux-arts, l’ensemble architectural, rapidement exécuté, est inauguré le 8 décembre 1920 par Alexandre Millerand, président de la République, et par l’ambassadeur des États-Unis.
Le visiteur pénètre dans l’ouvrage-par une entrée massive que ferme une grille en fer forgé. Ce portail est réalisé par ferronnier d’art Edgar Brandt. Au-delà de ce portail, il parcourt un cheminement étroit en escalier, évoquant les boyaux empruntés par les soldats qui montaient au front. Cette allée centrale recouvre sensiblement le tracé de l’ancien boyau Hublet où se déroulent les faits de juin 1916. En point de mire, une croix de pierre rappelle l’abnégation de tous les soldats de Verdun. D’un style brut et épuré, une imposante dalle de béton reposant sur des colonnes sans base ni chapiteau protège, tel un reliquaire, l’emplacement de la tranchée comblée. Les croix indiquent les sépultures de sept soldats inconnus. Cet imposant monument avait à l’époque une triple vocation : conserver le souvenir des défenseurs de Verdun, honorer les survivants et nourrir le patriotisme de l’après-guerre. Ce monument a été classé monument historique en 1922.
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La Tranchée des Baïonnettes, « une histoire trop belle pour ne pas devenir légendaire »
Depuis un siècle, les histoires concernant ces quelques canons de fusils émergeant du sol ont suscité plusieurs interprétations. Commentées par de nombreux historiens, par les survivants ou par les journalistes, plusieurs versions des faits se sont succédé au fil du temps. Dès ses origines, l’histoire se mêle intimement au mythe, entraînant d’importants débats.
Pour les uns, il s’agirait d’hommes qui, s’apprêtant à franchir le parapet de la tranchée, auraient été ensevelis vivants par l’explosion d’un obus allemand. La terre n’aurait alors laissé dépasser que quelques pointes des baïonnettes de ces valeureux soldats morts debout face à l’ennemi. Les morts montent ainsi la garde dans la tranchée dévastée. L’explosion d’un obus excavant plus le sol qu’elle ne le comble, très vite cette histoire est apparue comme impossible.
Pour les autres, au terme de ce combat au cours duquel les bataillons engagés ont perdu 30 à 50 % de leur effectif, les-Allemands ont inhumés les corps des victimes dans les vestiges de la tranchée puis auraient utilisé les fusils français pour délimiter le périmètre de ce cimetière improvisé. En effet, les rapports de fouille de juin 1920 confortent cette hypothèse. Avant l’édification du monument, le service du génie relève vingt-et-un corps Le fait que tous soient allongés et désarmés confirme tes témoignages recueillis. Les quatorze corps identifiés sont transférés au cimetière provisoire de Fleury, les sept inconnus sont inhumés sous l’imposante dalle de béton de la tranchée.
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Indéniablement conçue par des Français de l’arrière, la mémoire de ce fait d’armes est aujourd’hui encore discutée. La plus récente des hypothèses est que ce premier écrit aurait permis de dissimuler le nombre de soldats capturés en juin 1916 par les Allemands, alors que cette unité s’était, dès 1914, illustrée sur le champ de Bataille.
Propriété du ministère de la défense, en mars 2014, ce site est reconnu avec la nécropole nationale de Fleury-devant-Douaumont, comme l’un des neuf hauts-lieux de la mémoire nationale. La Tranchée des Baïonnettes symbolise, au-delà des récits et faits historiques de juin 1916, le sacrifice des soldats français sur le champ de bataille de Verdun.
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