Le front allemand à la Chapelotte

VAL 157/087_La Chapelotte. Enterrement d'un officier allemand tué à La Chapelotte le 7 avril 1915 ; on aperçoit dans la tombe le corps de l'officier ; un prêtre soldat récite les dernières prières

La Chapelotte. Enterrement d’un officier allemand tué à La Chapelotte le 7 avril 1915 ; on aperçoit dans la tombe le corps de l’officier ; un prêtre soldat récite les dernières prières Avril 1916. La Contemporaine, VAL 157/087

Site accessible librement

Le Col de la Chapelotte est un site regorgeant de surprises. Un article ayant déjà été consacré à l’histoire de ce lieu, je vous propose aujourd’hui de découvrir les positions allemandes de première ligne et de l’arrière. Au programme : tranchées, hôpital, poste de commandement et bunkers en tout genre !

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Les combats sanglants de la Chapelotte s’étant déroulés entre le 26 février et le 15 mars 1915 ont marqué le paysage de tranchées, d’abris bétonnés (principalement du côté allemand) ou aménagés dans la roche. On y retrouve les témoignages de la vie des hommes qui se sont battus dans les conditions difficiles des sommets vosgiens. Le paysage est également marqué par la guerre des mines, difficile et toujours inutile, qui s’est déroulé ici entre 8 juin 1915 et le 2 septembre 1917.
Cependant, si le front est figé, les combats continuent. Les soldats des deux camps vont mener des coups de mains et bombardements pour éprouver leur adversaire.

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Soutenir le combat pendant 4 ans a nécessité la construction d’installations permettant le ravitaillement, la survie et l’hébergement des soldats, mais également de maintenir un niveau d’hygiène et de salubrité indispensable pour la bonne santé des troupes.

Source : Archives départementales des Vosges
132 Fi 21/98 Les Noires Colas. – Un baraquement allemand vers le hameau des Noires Colas et ses occupants. (1914-1915)

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De nombreuses installations ont été construites pour abriter les soldats. Ainsi, aux Roches Ganaux, il est possible de voir les fondations d’un téléphérique qui servait à ravitailler les hommes en matériel, approvisionnement et munitions. Les chargements étaient ensuite acheminés par train à voie étroite vers le front, au « Haut des Roches », à la Chapelotte (côte 542) et à Herbaville.

Station de téléphérique des Roches Ganaux

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Les rochers plus au nord ont également été fortifiés. On peut en effet remarquer en les longeant qu’il subsiste des traces de maçonnerie, plusieurs blocs de béton préfabriqué jonchent le sol, et certains abris sont encore bien présents.
Un impressionnant triangle de béton semble posé sur sa pointe. Il s’agit en fait du toit d’un abri qui s’est effondré lors d’un glissement de terrain. Un garde-corps vient en fermer l’accès, l’endroit est en effet dangereux et instable.

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En repartant de cet endroit vers la Chapelotte, on peut observer en contrebas de nombreux abris, dont un avec une citerne d’eau à proximité. De même, il est possible de observer une roche gravée des lettres « BLM ».

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Sur le chemin se trouve également un abri à deux étages, permettant de contrôler la « Combe des Collins ». Cet abri et magnifique, et certains détails surprenants subsistent encore, comme la présence à l’étage supérieur de rainures dans le sol, permettant l’évacuation des eaux d’infiltration. Les orifices d’évacuation sont conservés, et encore visible sur la façade. L’étage inférieur ne présente pas de spécificité notable.

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En repartant de cet endroit vers la Chapelotte, il est possible de voir les vestiges d’un important centre logistique, comprenant plusieurs galeries permettant d’accéder à des postes de défense de la zone. Un grand abri dont un côté est ouvert est orienté vers la voie ferrée. Il est très probable qu’il s’agisse de l’abri du locotracteur reliant la station de téléphérique des Roches Ganaux à la Chapelotte.

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Au Haut-des-Planches, il subsiste également les restes de nombreux abris taillés à même la roche, dont quelques-uns ont été maçonnés. Ces roches permettaient aux allemands d’avoir une vue parfaite sur la vallée de la plaine, ce qui justifie la présence de retranchements à cet endroit.
L’un des abris les plus remarquables de cette zone consiste en un couloir comprenant une salle. Il permet de traverser la roche de part et d’autre, permettant de circuler en toute sécurité d’une position à l’autre. Ce bunker domine le chemin passant en contrebas, offrant une visibilité parfaite sur les communications pouvant être utilisé par les troupes françaises. Sa carrière ne s’est pas terminée en 1918, car, fin mai 1944, six maquisards y ont formé un réseau de résistance, comme l’atteste une plaque fixée sur le béton.
Une citerne se trouve également à proximité, permettant d’approvisionner les hommes en eau.

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Enfin, une vaste zone taillée à même la roche au nord du Haut-de-Faite était utilisée comme cantonnement. On peut y voir une plateforme qui servait probablement à des installations techniques au vu du réservoir présent à cet endroit et de la structure en béton. Plus loin se trouvent des abri et entrées de galeries.

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Le chemin passe devant un hôpital comprenant 3 salles reliées par une galerie creusée à même la roche. L’une des salles conserve ses fresques d’origine, qui sont dans un état remarquable. Ce genre de fresque était fréquente dans les cantonnements allemands, pour rappeler aux soldats leur foyer. On peut en observer une similaire mais moins bien conservée au camp Marguerre.
Le sol de cet hôpital est également très bien conservé, et l’on peut voir qu’un motif de brique y été dessiné.

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Plus loin sur le chemin se trouve également un ancien poste de commandement, comprenant 4 salles, également relié par une galerie qui débouche à l’extérieur près d’une tranchée qui a été restaurée.

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Les combats et la vie dans les tranchées n’ont pas épargné les soldats. Il a été nécessaire de créer un cimetière sur place pour enterrer les corps des soldats tombés. Ce cimetière, anciennement traversé par la voie de 40 ravitaillant le front, est organisé en deux parties : d’un côté y reposent les corps des soldats du 70e régiment d’infanterie de réserve et de Eduard Klinkhammer, de la « 1 Kompanie Ersatz Bataillon Landwehr Infanterie Regiment 99 » dont la tombe est ornée d’un glaive. De l’autre côté (à gauche lorsque l’on se dirige vers les Roches Ganaux) se trouvent les sépultures des pionniers de la compagnie 249 en charge de la guerre des mines.

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Le paysage porte également la marque des combats et des installations de fortification passagère construites par les Allemands. Ainsi, les tranchées de la première ligne de défense allemande, appelée Bismarkschanze, sont encore bien visibles. Elles font face aux lignes françaises du couronné des Collins.

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L’un des points les plus impressionnant de ce secteur est le blockhaus du collet. Cet impressionnant point fortifié est constitué d’un abri et d’un rocher aménagé, ainsi que d’un poste de tir à 4 embrasures dont les boiseries sont encore présentes. Des fentes horizontales sont visibles dans la façade, ce qui est dû au fait que le coffrage du béton était fait de traverses de chemin de fer. Cette position fait face au secteur nommé « Seguetti-Blaise », du nom de 2 soldats corses du 373e RI tués à la Chapelotte.

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Un peu plus loin, il est possible de voir un poste d’observation allemand donnant une vue dégagée sur les tranchées françaises.
Plusieurs abris sont présents dans ces tranchées, taillés à même la roche. Certains sont aujourd’hui inondés, mais d’autres possèdent encore des vestiges des lits qui y étaient installés.
Près d’un de ces abris se trouve la stèle du lieutenant de Landwehr Karl Junker, de la 4e compagnie du R.I.R 70. Elle marque l’endroit où celui-ci a été blessé, le 16 octobre 1916. Après avoir été évacué par train jusqu’aux Roches Ganaux, puis par téléphérique jusqu’à Bionville, un train l’a emmené jusqu’au col du Donon, pour qu’il reprenne de nouveau le téléphérique jusqu’à Grandfontaine, puis le train jusqu’à Schirmeck, où il décèdera à l’hôpital de campagne de Landwehr numéro 31.

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Sur le chemin du retour, un arrêt est marqué à l’église de Badonviller. Cet édifice, construit en 1788 selon les plans de François Michel Lecreulx, a été incendié par les Allemands le 12 août 1914. Cette date marque également le massacre de Badonviller, dans lequel de nombreux civils perdront la vie, assassinés par les Allemands prétextant agir contre les francs-tireurs.
Malgré ces exactions, les troupes allemandes considèrent la prise de Badonviller du 12 août 1914 comme un fait d’armes. Un chef de fanfare, Georg Fürst, composera à cette occasion la marche de Badonviller. Ce morceau deviendra tristement célèbre car c’est l’une une des marches militaires préférées d’Adolf Hitler, qui la fera jouer dans de nombreuses sorties publiques.

L’église de Badonviller durant la première guerre mondiale
Source : https://monumentum.fr/eglise-pa00105995.html

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De 1914 à 1915, la ville est prise à 3 reprises par les Allemands, qui seront à chaque fois repoussés. Face à ces échecs, les forces allemandes bombarderont presque quotidiennement la cité.
L’église porte aujourd’hui les traces de ces bombardements. En effet, à la fin de la guerre, seuls les murs extérieurs étaient encore debout, à l’exception de la 2eme colonne de gauche.
Le reste de l’édifice sera reconstruit en utilisant du béton armé pour la charpente et la couverture sphérique du clocher. Seul le beffroi est en chêne, posé sur le clocher. Les vitraux de l’église restaurée sont signés Jacques Gruber.

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