Flirey. L’église vue d’une ambulance, tombes militaires au pied de la butte, 3 novembre 1916 – La Contemporaine, VAL 528/110
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Toutes les photos d’époque, sauf indication contraire, proviennent du site La Contemporaine et ont été recadrées par souci de lisibilité
Flirey, village détruit
Situé sur la route départementale 58, entre Pont-à-Mousson et Commercy, le village de Flirey est avant la première guerre mondiale un lieu des plus paisible, au sommet d’une colline. La vie, comme dans de nombreuses communes lorraines de l’époque, se déroule au fil des saisons, autour de l’agriculture.
Restes de l’ancien village en 2021
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Tenue en échec devant la trouée de Charme et le Grand couronné de Nancy, la VIe armée lance un nouvel assaut le 19 septembre 1914 contre les positions françaises. Chaque tentative ne peut aboutir. Les deux secteurs de Bois-le-Prêtre et de Mort-Mare sont des plus disputés par chacun des belligérants car ces positions permettent de contrôler les axes routiers et les lignes de chemin de fer ouvrant la route de Verdun.
Dès le 19 septembre, une importante concentration de troupes ennemies est signalée dans la vallée du Rieupt-de-Mad. Les hommes de la 73e division d’infanterie (Dl) s’apprêtent interdire l’accès de la rive droite de la Moselle au nord de Toul. Mais au lieu de renforcer ses positions, le général Lebocq prend l’initiative de passer à l’attaque. Le 20, la Brigade mixte se déploie devant Mamey. Aussitôt, les fantassins sont pris sous le feu de l’artillerie ennemie, en particulier dans les bois de l’Auberge St-Pierre et la Forêt de Puvenelle. Malgré leurs efforts, les Français ne peuvent empêcher la prise de Mamey et de Lironville. Le 21, Flirey tombe. Aussitôt, d’importants renforts sont engagés. Malgré tout, ces troupes ne peuvent enrayer la progression ennemie. Le 24 septembre, les Allemands s’emparent de Saint-Mihiel. Ces nouvelles positions sont organisées contre lesquelles les Français lancent de multiples assauts pour réduire ce saillant creusé dans leurs lignes. Au cours d’une seule journée, près de 5 000 Français disparaissent lors de ces combats.
Le village durant la guerre
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Dans la nuit du 24 au 25 septembre, en prévision d’une offensive sur Saint-Mihiel, les Badois du XIIIe corps abandonnent Mamey, Limey et Lironville. Les ruines de Lironville et de Mamey sont investies par les 167e, 169e RI et 367e régiments d’infanterie (RI). Provisoirement, la menace allemande se desserre sur Verdun mais l’ennemi contrôle encore la vallée de l’Aire et la ville de Saint-Mihiel.
Jusqu’en janvier 1918, aucune nouvelle offensive d’envergure ne se déploie, à l’exception de quelques coups de main. Flirey subira de nombreux bombardements, détruisant le village à plus de 80%.
Monuments dans le village voisin de Seicheprey
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Afin de réduire le saillant de St-Mihiel et de restaurer les communications coupées, les français lanceront de fréquentes attaques tout au long de la guerre, mais celui-ci ne sera réduit que lors de la bataille de St-Mihiel, les 12 et 13 septembre 1918, menées par les troupes françaises et américaines. En mémoire de cet évènement, un monument est érigé en reconnaissance de l’armée des États-Unis.
Le monument dédié aux américains, dans les années 1920 et en 2021
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Le village visible aujourd’hui a été construit dans les années 1920 selon les plans de l’architecte nancéien Émile André, en contrebas de la colline. Il présente l’architecture typique de cette période, notamment par les encadrements de portes et fenêtres en briques (contrairement aux maisons traditionnelles aux linteaux de pierre). L’église, quant à elle, est inspirée de celle de Gap. Le monument aux morts situé devant a été réalisé par la ville de Nice en hommage à ses combattants.
Nouvelle église de Flirey et son monument aux morts
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Les ruines de l’ancien village, détruit à plus de 80 %, sont visibles en direction de Limey. On y trouve notamment les ruines de l’Église St Étienne, un égayoir (bassin aménagé pour que les animaux se baignent et s’abreuvent) et l’ancien lavoir.
Ruines de l’ancienne église de Flirey en 2021
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L’ancienne église au cours de la guerre
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L’ancien cimetière de la ville
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Les alentours du village sont également riches en vestiges du premier conflit mondiale. La nécropole française, rassemblant 2 700 soldats, est visible en direction de Bernécourt. En direction d’Essey et Maizerais se trouvent des entonnoirs de mines témoignant des assauts visant à reprendre le village, et la croix en l’honneur du soldat-fourrier Joseph Henri Rochas, tué le 10 avril 1915 à l’âge de 19 ans.
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Les fusillés de Flirey
En avril 1915, une opération est conduite contre le saillant de Saint-Mihiel et les lignes allemandes. Le 63e RI porte son effort dans le secteur du Bois-le-Prêtre et de Mort-Mare.
Pendant un mois, les attaques se multiplient. L’ennemi résiste. Ces combats n’apportent pas les gains territoriaux escomptés. Il en est de même à Flirey où éclate un mouvement général de contestation. Le 19 avril 1915, harassés et éprouvés par la perte de 600 camarades, des hommes du 2e bataillon du 63e RI refusent de sortir de leur tranchée. Le 20, le commandement prélève parmi les 250 combattants concernés, cinq soldats. Tirés au sort, ces hommes sont traduits devant une cour martiale et jugés pour lâcheté. Au terme d’un jugement expéditif, quatre d’entre eux, Antoine Morange, Félix Baudy, François Fontenaud et Henri Prébost, sont fusillés pour l’exemple en lisière d’un bois au nord de Manonville, à proximité de la carrière des Rochottes. En 1934, ces quatre hommes sont réhabilités.
Du beau monde à Flirey : le Président Poincaré et le Général Dubail !
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Aujourd’hui, le site est balisé de panneaux relatant l’histoire des lieux, et mis en valeur par l’AHLIMIC. Cette association organise également dans le secteur des chantiers jeunes franco-allemands (Tranchées de Saint-Baussant) et franco-américains (village de Seicheprey) pour mettre en avant et valoriser le patrimoine subsistant dans le secteur.
Le cantonnement français de Flirey pendant la guerre
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La nécropole nationale de Flirey
La nécropole nationale de Flirey regroupe les dépouilles de soldats tombés lors des batailles de la Woëvre. Créé en 1919, ce lieu de mémoire témoigne de l’extrême violence des combats qui se déroulèrent entre les forêts de Mort-Mare et du Bois le Prêtre. Aménagée en 1924, en vue de rassembler les corps exhumés des cimetières militaires de Flirey, Fey, Seicheprey et de la Woëvre, cette nécropole rassemble 4 407 corps français dont 2 657 reposent en tombes individuelles. Un ossuaire conserve les restes mortels de 1 750 combattants. Aux côtés de ces hommes sont inhumés 22 Russes, trois Belges et trois Roumains. Aux alentours, de nombreux vestiges sont toujours visibles, notamment les ruines du village détruit de Flirey ou les entonnoirs de mines du bois de Mort-Mare.
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