Description des canons de 95, 90 et 80 sur affût de campagne

Canon de 95 Lahitolle

L’instruction sur le maniement des pièces d’artillerie passe par la connaissance du matériel. Cet article présente les particularités des matériels de 90, 95 et 80, avec planches détaillant notamment les culasses, affûts et hausses !


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TITRE II.  PARTICULARITÉS RELATIVES A CHACUN DES MATÉRIELS.


CHAPITRE II. – MATÉRIELS DE 95, DE 90 ET DE 80.

ARTICLE I. – RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX.

372. Les canons de 95, de 90 et de 80 sont destinés principalement au tir de plein fouet et accessoirement au tir plongeant à charges réduites.
Pour tirer par-dessus les parapets des fortifications ou les épaulements des batteries de siège, ces canons sont montés sur l’affût de siège et de place modèle 1880. Le modèle de cet affût, dit omnibus, est unique ; des manchons en bronze, d’épaisseur variable, suivant les canons, sont engagés sur les tourillons de manière à racheter les différences de diamètre existant entre ces tourillons et les encastrements.
Il permet de tirer environ de 10° au-dessous de l’horizon à 40° au-dessus.
Pour le tir, l’affût est placé sur une plate-forme modèle 1840 renforcée ; le recul est limité par des sabots d’enrayage ou par un frein hydraulique.
Quand ils doivent rester mobiles, les canons de petit calibre sont montés sur des affûts de campagne qui diffèrent d’un calibre à l’autre et qui permettent, en général, de tirer de 5 degrés au-dessous de l’horizon à 25 degrés au-dessus. Les affûts de campagne ne se placent pas sur des plates-formes. Toutefois, quand le tir doit se prolonger au même endroit, on affermit le sol sous les roues et sous la crosse ; on peut avec avantage, surtout pour le canon de 95, y placer des madriers arrêtés par des piquets ou même une plate-forme de siège modèle 1840. Le recul est limité à l’aide de sabots d’enrayage ou par des freins à patins.

373. Le poids approximatif des canons de petits calibres et de leurs affûts est donné par le tableau suivant :

Pour les transports, la pièce est placée sur avant-train de campagne, qu’elle soit montée sur affût omnibus ou sur affût de campagne.

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ARTICLE II. BOUCHE A FEU.
§ I. – CORPS DU CANON.

374. Les canons de 95, de 90 et de 80 présentent les mêmes formes extérieures que le canon de 155L, sauf qu’ils ne portent ni anse ni frette de pointage.
De plus, le canon de 95 présente les particularités suivantes :
Il possède une table de niveau de pointage (au lieu de facettes) ;
Il est muni d’un linguet de sûreté, qui empêche la culasse de dévirer quand elle a été fermée.
Les rayures tournent de droite à gauche (au lieu de gauche à droite, comme dans les autres calibres).

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§ II. – MÉCANISME DE CULASSE.

375. Description. – Le mécanisme de culasse des canons de 90 et de 80 est identique à celui du 120 long.

376. La culasse du canon de 95 (fig. 46) présente certaines dispositions particulières, qui sont :

Culasse canon de 95

Dans la vis de culasse :

  • Le logement de la lige de serrage de la tête mobile ;
  • Les trois rainures, qui servent à guider la vis dans le volet ;
  • La gâche du verrou, sa rampe, la rainure hélicoïdale ;
  • Le repos du verrou ;
  • Le chapeau, le tenon à cames, sur lequel s’engage avec un certain jeu l’œil à toc de la manivelle ;
  • La manivelle, sa menotte, qui servent à ouvrir et à fermer la culasse ;
  • La poignée, en bronze, qui sert à manœuvrer la vis.

Dans le volet :

  • Le logement des deux vis-guides, dont les extrémités s’engagent dans les rainures de la vis de culasse et guident son mouvement ;
  • La boite du verrou (fig. 47), fermée par la vis-bouchon ; elle renferme le verrou et le ressort à boudin ;
  • Le cliquet, qui fait manœuvrer le verrou ;
  • Le verrou, qui joue le même rôle que le loquet dans la culasse du 155L et qui fonctionne d’une manière analogue.
  • Dans le système d’obturation, la tige de la tête mobile est maintenue par un appareil de serrage vissé dans un des secteurs lisses de la vis de culasse.
  • La vis de culasse et le volet portent l’appareil de sûreté qui sert à empêcher la mise de feu avant la fermeture complète de la culasse (fig. 48).

377. Fonctionnement du mécanisme de culasse de 95. – Lorsque la culasse est fermée, la manivelle de la vis de culasse est à droite du linguet de sûreté ; celui-ci s’oppose à tout mouvement de rotation de la vis pendant le tir. Le verrou, poussé par son ressort, repose au fond du plan incliné de rainure hélicoïdale ; sa tête ne pénètre pas dans la culasse ; le volet est tenu fermé par le chapeau de la vis de culasse.
Pour ouvrir la culasse, on relève le linguet et on tire à soi la manivelle de la vis de culasse en agissant par saccades.
En relevant le linguet, on donne à la manivelle toute liberté de tourner ; en agissant par secousses, on frappe avec les dents de l’œil à toc sur les cames du tenon et l’on arrive ainsi plus facilement à faire prendre à la vis de culasse son mouvement de rotation.
Au début de ce mouvement, le verrou est poussé en dehors par la rampe de la rainure hélicoïdale, sa tête s’engage dans la crapaudine du verrou ; le volet est alors fixé à la frette de culasse.
On fait tourner la vis de culasse jusqu’à l’arrêt du mouvement.
Le mouvement est arrêté par les vis-guides et le verrou, qui butent alors contre les raccordements des parties longitudinales et hélicoïdales des rainures ; dans cette position, les secteurs filetés de la vis se trouvent en face des secteurs lisses de la culasse. En même temps, grâce aux arrondis des raccordements, la culasse fait un mouvement de retraite et décolle l’obturateur.
On tire la vis de culasse en arrière.
Dans ce mouvement, les vis-guides et le verrou glissent dans leurs rainures longitudinales, jusqu’aux extrémités de ces rainures ; la tête du verrou reste engagée dans la crapaudine tant que la profondeur de la rainure reste la même, c’est-à-dire pendant la plus grande partie de la course longitudinale de la vis ; mais, vers la fin du mouvement, le verrou arrive sur le plan incliné formé par la paillette, il s’enfonce dans la vis de culasse et sa tête se dégage peu à peu de la crapaudine ; à la fin du mouvement, le verrou tombe dans sa gâche et ne fait plus saillie à l’extérieur. Le volet, n’étant plus lié à la frette de culasse que par la charnière, est entraîné par la vis et tourne autour de son boulon.
Ainsi le verrou maintient le volet fermé pendant que l’on fait tourner la vis de culasse et qu’on la retire de son logement, et il fixe la vis au volet lorsque celui-ci est ouvert.
Pour fermer la culasse, on ramène sans brusquerie le volet contre la tranche arrière du tube ; dans ce mouvement, la grande branche du cliquet appuie contre la tranche de culasse et se soulève ; la petite branche agit sur l’épaulement du verrou en sens inverse du ressort, fait remonter le verrou au-dessus de sa gâche, à hauteur de la naissance du plan incliné et, par suite, l’engage dans la crapaudine. A ce moment, le volet est lié à la frette de culasse et la vis de culasse peut prendre un mouvement longitudinal en avant.
En poussant la vis, on fait remonter le verrou sur le plan incliné de la rainure longitudinale, la tête du verrou s’engage de plus en plus dans la crapaudine ; les-vis-guides et le verrou conduisent la vis de culasse et limitent son mouvement en avant. Lorsque la vis est poussée à fond, c’est-à-dire lorsque les vis-guides et le verrou butent contre les raccordements de leurs rainures longitudinales et hélicoïdales, les filets de la vis sont en face des creux des filets de l’écrou.
En faisant tourner la vis de culasse jusqu’à l’arrêt du mouvement, c’est-à-dire jusqu’à ce que les vis-guides et le verrou arrivent aux extrémités de leurs rainures hélicoïdales, tous les filets de la vis et tous les filets de l’écrou sont en contact sur toute leur longueur ; la culasse est fermée, alors le verrou est arrivé au repos en suivant la rampe de sa rainure hélicoïdale ; le ressort est débandé ; la tête du verrou n’est plus dans la crapaudine.
Le mécanisme d’obturation fonctionne comme dans le canon de 120.
L’appareil de sûreté empêche l’introduction de l’étoupille dans le canal de lumière tant que la culasse n’est pas complètement fermée.
Pendant tout le temps que la culasse reste ouverte et tant que la fermeture n’est pas complète, la tête du couvre-lumière est placée devant la cuvette de la tête mobile, de manière à empêcher l’introduction de l’étoupille.
Dès que la fermeture est complète, la tête du couvre lumière démasque la cuvette de la tête mobile, et il devient possible de mettre l’étoupille en place.

378. Démontage et remontage du mécanisme de culasse. – Ces opérations ne sont exécutées que lorsque l’ordre en est donné et doivent être surveillées par un gradé.
Lorqu’on juge utile, au point de vue de l’instruction, de faire ces opérations, on se sert d’une ou de plusieurs bouches à feu spécialement désignées à cet effet. En tout cas on se conforme aux recommandations suivantes :
Les différentes parties du mécanisme doivent être maniées avec précaution, la chute d’une vis de culasse ou d’une tête mobile, par exemple, pouvant occasionner des dégradations graves capables d’entraver momentanément le fonctionnement du mécanisme.
Ces parties, et principalement l’obturateur et la tête mobile, doivent toujours être déposées sur un linge propre et à l’abri de la poussière.
L’obturateur ne doit jamais être séparé de la tête mobile sans un ordre spécial ; on peut en effet les nettoyer sans les séparer.
Avant de séparer la vis de culasse du volet, il est important d’enlever d’abord la tête mobile, afin que les coupelles de l’obturateur ne soient pas exposées à être dégradées.

Pour les canons de 90 et de 80, l’opération s’exécute comme il suit :

Démontage. – Ouvrir la culasse et enlever les parties du mécanisme dans l’ordre suivant :
1° Anneau brisé, bague, tête mobile avec obturateur ;
2° Clef ;
3° Vis de culasse ;
4° Goupille de boulon de loquet, boulon de loquet et son ressort ;
5° Goupille de boulon de charnière, boulon de charnière et volet ;
60 Goupille de boulon de levier-poignée, boulon de levier-poignée et levier-poignée. A cet effet :
Dégager l’anneau brisé ; enlever la bague ; retirer la tête mobile avec précaution, sans en séparer l’obturateur, en la repoussant au besoin à l’aide du manche du marteau.
Soulever le bec supérieur du loquet, maintenir le volet ouvert et pousser la culasse en avant ; chasser la clef vers l’avant de la vis à l’aide du repoussoir et du marteau, retirer la clef.
Ramener la vis en arrière en soulevant le bec supérieur du loquet d’une quantité suffisante pour que le talon du loquet ne puisse venir buter contre l’arête antérieure de son logement ; séparer la vis du volet.
Sortir la goupille du boulon du loquet à l’aide du chasse-goupille, la retirer à la main et au besoin à l’aide de la pince tire-goupille ; enlever ensuite le boulon lui-même à l’aide du repoussoir ; sortir le loquet de son logement en pressant sur le talon.
Chasser la goupille du boulon de charnière de dehors en dedans, puis le boulon de bas en haut à l’aide du repoussoir ; enlever le volet.
Pour enlever le levier-poignée, chasser successivement la goupille et le boulon.

Remontage. – Le remontage s’opère dans l’ordre inverse du démontage, en prenant soin que chaque boulon soit mis à fond, de manière que sa goupille trouve le passage qui lui est destiné. Pour le boulon de charnière, en particulier, il faut, après l’avoir chassé à fond dans son logement, amener sa tête à l’affleurement du canon au moyen du repoussoir et du marteau ; la goupille peut alors être engagée dans son logement ; elle ne doit pas faire saillie sur la tête du boulon, et, cependant, elle doit être assez engagée pour que sa tête n’empêche pas la fermeture du volet.

Pour le canon de 95, l’opération s’exécute comme il suit :

379. Démontage. – Ouvrir la culasse et enlever les parties du mécanisme dans l’ordre suivant :
1° Appareil de serrage de l’obturateur ;
2° Tête mobile et obturateur ;
3° Clavette de boulon de charnière et boulon de charnière ;
4° Prisonnier, poignée et manivelle ;
5° Vis-guides et vis de culasse ;
6° Goupille de vis-bouchon ; vis-bouchon, ressort à boudin de verrou (Le cliquet et le verrou ne doivent être démontés qu’en cas de nécessité et par un ouvrier en fer) ;
7° Cliquet et verrou (Le cliquet et le verrou ne doivent être démontés qu’en cas de nécessité et par un ouvrier en fer). A cet effet :
Soulever le plus possible le cliquet pour opérer le déclanchement du verrou ; pousser la vis de culasse de dehors en dedans, c’est-à-dire en avant ; dévisser l’appareil de serrage à l’aide de la clef à étui de vis-bouchon (Se trouve dans la caisse aux armements) ; retirer ensemble la tête mobile et l’obturateur et revisser l’appareil de serrage (Si on veut simplement retirer la tête mobile, il suffit de dévisser l’appareil de 3 ou 4 tours) ;
Enlever la clavette qui maintient le boulon de charnière ; faire sortir le boulon à l’aide du repoussoir en bois dur ou en bronze (Se trouve dans la caisse aux armements), en faisant soutenir le mécanisme par un aide, et retirer le mécanisme ;
Dévisser le prisonnier à l’aide du tournevis emmanché (Se trouve dans la caisse aux armements) et retirer la manivelle ;
Dévisser les deux vis-guides à l’aide du tournevis avec manche et broche (Se trouve dans la caisse aux armements), soulever le bout du cliquet pour obtenir le déclanchement du verrou et dégager la vis de culasse du volet ;
Retirer la goupille de vis-bouchon à l’aide du chasse-goupille en bronze (Se trouve dans la caisse aux armements) et retirer le verrou.

380. Remontage. – Le remontage s’opère dans l’ordre inverse du démontage.
En revissant l’appareil de serrage, on doit avoir soin de presser sur le champignon de la tête mobile, de manière à amener la gorge de la tête mobile vis-à-vis de la tige de l’appareil de serrage, de visser ce dernier à fond et de s’assurer que la tête mobile est libre sur son axe et conserve un léger mouvement d’avant en arrière.

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ARTICLE III. AFFUTS.
§I. – AFFUT MODÈLE 1880.

381. Outre l’essieu et les roues qui n’offrent pas de particularité caractéristique et qui sont décrits au chapitre II du titre I, l’affût comprend (fig. 49) : les flasques, l’appareil de pointage, les sabots d’enrayage et le frein hydraulique.

Affût de siège et place modèle 1880

382. Flasques. – Les flasques présentent à l’avant les encastrements de tourillons et à l’arrière forment flèche. Le bout de crosse-lunette réunit les extrémités des flasques et porte la lunette qui reçoit la cheville-ouvrière de l’avant-train de campagne pour les transports.
Les taquets de chargement donnent appui au levier soutenant la culasse lorsque la pièce est à la position de chargement.
Les poignées de crosse servent à soulever la crosse.
Les anneaux de pointage reçoivent le levier de pointage.
Le marchepied fixe permet, avec le marchepied mobile, de se porter facilement à la culasse.
Les ferrures supportent les deux leviers de pointage, un écouvillon (les ferrures de suspension d’écouvillon sont différentes, suivant que l’affût est muni ou non de frein hydraulique), un refouloir, les sabots d’enrayage et le frein hydraulique.

383. Appareil de pointage. – On distingue dans l’appareil de pointage :
Les volants d’arbre de pignon, servant à faire mouvoir l’appareil ;
La vis de pointage, qui reçoit son mouvement de rotation par l’intermédiaire de la roue d’engrenage conique fixée à son extrémité inférieure et du pignon d’engrenage conique monté sur l’arbre du pignon ; cette vis ne peut que tourner sur elle-même ;
L’écrou à tourillons, qui monte ou descend le long de la vis ;
Les glissières, en bronze, enfermant la vis et guidant l’écrou dans son mouvement ;
Le support de pointage, dont les branches sont reliées à l’affût par leur partie antérieure ; elles portent à leur partie postérieure un galet sur lequel s’appuie la pièce ;
Le support est relié à l’écrou à tourillons par les bielles de support de pointage.

384. Sabots d’enrayage. – Les deux sabots d’enrayage sont analogues, sauf les dimensions, aux sabots d’enrayage de l’affût de 155 long.

385. Frein hydraulique. – Le frein hydraulique est analogue à celui de 155 ; mais de dimensions plus faibles. Toutefois :
Le cylindre est en bronze ;
Il n’y a pas de fond de cylindre : à chaque extrémité du cylindre une bague de fond en bronze, butée contre un épaulement, donne appui au cuir embouti ;
Il n’y a pas de frettes à tenons; les tenons sont venus de fonte sur le cylindre ;
L’entretoise qui réunit les bielles porte deux oreilles évidées dans lesquelles on engage les deux crochets de suspension de frein, portés par l’affût, lorsqu’on veut placer le frein à la position de route.
Le piston est entièrement en acier.
Le fonctionnement du frein est identique à celui du frein de 155; il permet un recul de 68 centimètres environ.
Le frein est réglé pour donner un recul maximum de 60 centimètres, sans coins, ce qui correspond à une longueur de recul d’environ 50 centimètres avec coins.
Pour l’entretien, le démontage et le remontage du frein, on opère comme pour le frein de 155. Toutefois, il convient, quand on décompose le joint, d’enlever après le cuir embouti la bague de fond et, quand on recompose le joint, de placer le cuir embouti dans la bague de fond avant de mettre en place cette dernière.
Pour le nettoyage de l’intérieur du cylindre, on se sert d’un écouvillon de 120.
Le cylindre contient environ 6 litres de liquide.

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§ II. – AFFUT DE CAMPAGNE POUR CANON DE 95.

386. Les principales particularités de cet affût, qui est muni de sabots d’enrayage, sont indiquées sur la figure 50. Il peut être muni d’un frein à patins et à cordes analogue à celui de l’affût de campagne de 90 ou de 80.

Affût de campagne pour canon de 95

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§ III. – AFFUTS DE CAMPAGNE POUR CANON DE 90 OU DE 80.

387. Ces deux modèles d’affût sont à peu près identiques comme organisation. La figure 51 en indique les organes essentiels.
Les principales particularités consistent dans le frein à patins et le débouchoir dont ils peuvent être munis.

Affût de campagne de 90 de campagne

FREIN A PATINS ET A CORDES.

388. Les dispositions de ce frein sont données par la figure 52.
Les chefs de pièce doivent connaître la manière de monter une corde du frein et la manière dont les cordes doivent être réglées pour que le frein fonctionne régulièrement.

Montage. – La corde est fixée au tirant de son côté par l’axe qui traverse sa boucle ; elle entoure deux fois le moyeu en entrant par le dessous près du disque et en sortant également par le dessous du godet ; le bout libre est pincé sous le moraillon et l’excédent de la corde est engagé dans le crochet et le piton du palonnier de frein.
Lorsqu’on met en place les deux cordes de frein, on doit avoir soin de les tendre également sans toutefois provoquer le mouvement du volet. A cet effet, un homme tire sur le volet pour maintenir le patin éloigné de la roue pendant qu’un autre homme place la corde.

Réglage. – Le réglage comporte les trois opérations suivantes :

1° Placer les patins exactement en regard des cercles de roues : A cet effet, enlever les goupilles des écrous de bride de patin, desserrer ces écrous, déplacer les patins en ayant soin d’engager le tenon de chaque bride dans le trou du volet le plus convenablement placé, resserrer ensuite les écrous de bride et replacer les goupilles.

2° Placer les goupilles des liges de réglage de manière que, le frein étant désarmé, les patins se trouvent à 4 centimètres au moins et à 5 centimètres au plus des cercles de roue.
Tirer sur le volet pour éloigner le patin de la roue, s’assurer que la tige de réglage porte bien contre le palonnier d’appel et déplacer, s’il y a lieu, la goupille, de manière à obtenir le résultat désiré.
Il convient de ne pas oublier que les tiges de réglage n’ont aucune action sur le plus ou moins de force avec laquelle le frein agit ; elles ont simplement pour objet de maintenir les patins à bonne distance des roues pour assurer le fonctionnement régulier du frein.

3° Ajuster les cordes de frein.
Pour que les cordes de frein soient ajustées, il faut : 1° Que l’enrayage à bloc se produise en même temps pour les deux roues lorsque le frein est armé ; 2° Que l’armé qui a produit cet enrayage à bloc soit obtenu en tirant la crémaillère des deux tiers environ de la longueur de la partie dentée.
Pour s’assurer que l’action du frein est la même sur les deux roues, on met la voiture en mouvement sur un terrain uni sensiblement horizontal, soit en la faisant tirer à bras par une vingtaine d’hommes, soit en l’attelant à quatre. Pendant la marche, un servant arme le frein en tirant progressivement sur la crémaillère jusqu’à ce qu’il obtienne l’enrayage à bloc.
Si les deux roues cessent de tourner en même temps, l’action du frein est la même sur chacune d’elles.
Si ce résultat n’est pas atteint, on fait arrêter la voiture, on désarme le frein et on augmente la tension de la corde qui correspond à la roue la moins enrayée (ou bien on diminue la tension de l’antre corde, si la crémaillère a déjà été tirée de moins des deux tiers de la longueur de la partie dentée). On recommence ensuite les mêmes opérations jusqu’à ce qu’on obtienne le résultat désiré.
L’enrayage à bloc ayant été obtenu simultanément avec les deux roues, on regarde la position qu’occupe la crémaillère par rapport au taquet denté.
Si le tiers environ du nombre des dents n’a pas été engagé dans le guide de crémaillère, l’ajustage est bon.
S’il y a plus ou moins du tiers du nombre des dents qui n’ait pas été utilisé pour produire l’enrayage à bloc, il y a lieu d’allonger ou de raccourcir les deux cordes d’une même quantité et de recommencer les opérations jusqu’à ce que le résultat désiré soit atteint.
Lorsque les cordes et les moyeux sont graissés, il convient, avant de procéder au réglage, d’enlever la graisse tant sur les moyeux que sur les cordes et de frotter au besoin ces dernières avec de la terre sèche avant de les remettre en place.
L’ajustage des cordes est toujours fait lorsque celles-ci sont sèches. Lorsqu’elles sont mouillées, elles se raccourcissent de 2 centimètres environ ; les patins se rapprochent du cercle de roue, mais il n’en résulte aucun inconvénient et il est inutile de rectifier l’ajustage.

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ARTICLE IV. DÉBOUCHOIR.

389. Le débouchoir permet de déboucher automatiquement l’évent correspondant à une distance donnée, à la condition que le tir s’exécute avec la charge de plein fouet.
La figure 53 donne le détail du débouchoir. La figure 54 indique son mode de transport sur l’affût.

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ARTICLE V. COFFRES A MUNITIONS.

390. Lorsque le matériel de 95, 90 et 80 sur affût de campagne est organisé en batteries mobiles, les projectiles et les gargousses sont transportés dans des coffres à munitions placés, soit sur les avant-trains de pièces, soit sur des voitures spécialement aménagées à cet effet et dénommés caissons à munitions.
Le caisson à munitions porte trois coffres, un sur l’avant-train, deux sur l’arrière-train.
Ces divers coffres ont des dispositions analogues et ne diffèrent que d’un calibre à l’autre.

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§ I. – COFFRE DE 95.

391. Le coffre de 95 (fig. 55) s’ouvre par le haut ; il renferme :
24 projectiles placés debout sur le culot dans deux cases latérales, et maintenus par deux couvre-obus ;
24 charges dans la case centrale : 19 debout sur le culot, recouvertes par le couvre-charges, et 5 couchées sur le couvre-charges – toutes enveloppées d’un papier ondulé ou plissé.
Le coffre d’avant-train contient seulement 18 projectiles (16 obus et 2 boîtes à mitraille) et 18 gargousses.

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§ II. – COFFRE DE 90.

392. Le coffre de 90 (fig. 56) s’ouvre latéralement ; il renferme 25 obus placés dans les cases aux projectiles, 25 charges placées dans les porte-charges.
Le coffre d’avant-train contient en plus 2 boîtes à mitraille placées au fond de la case aux charges de droite et les deux charges correspondantes.

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§ III. – COFFRE DE 80.

393. Le coffre de 80 (fig. 57) s’ouvre par le haut ; il renferme :28 obus placés dans deux cases aux projectiles ; chaque case contient 3 obus couchés au fond et 11 debout, ces derniers maintenus par un couvre-obus ;
28 charges debout dans la case aux charges.
Le coffre d’avant-train d’affût contient 26 obus, 4 boîtes à mitraille et 30 charges ; deux boîtes à mitraille et leurs charges remplacent les boîtes marquées V sur la figure ; les deux autres boîtes à mitraille sont sous les couvre-obus et leurs charges occupent les emplacements marqués V sur la figure.

394. Nota. – Outre les munitions, les coffres portent un certain nombre de menus objets et de rechange ; la nomenclature de ces objets est donnée par l’Instruction sur la composition et le chargement, qui est déposée dans tous les coffres d’avant-train de caisson.

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ARTICLE VI. INSTRUMENTS DE POINTAGE.
§ I. – HAUSSE.

395. Canon de 95. – La tige est carrée ; elle est graduée : sur la face antérieure, en dérives et en degrés ; sur la face postérieure, en portées ; sur la face gauche, en millimètres ; sur la face droite, en durées du trajet.

396. Canons de 90 et de 80. – Il existe deux modèles de hausse :
L’un (Mle 1879) est analogue à la hausse de 155 ; mais il, porte en plus : sur la face gauche, une graduation en dérives : sur la face droite, une graduation en évents à déboucher.
L’autre (Mle 1889 à crémaillère) porte sur le biseau antérieur une graduation en évent, sur la face droite une graduation en millimètres, sur la face gauche une graduation en portées. La face postérieure porte une crémaillère qui engrène avec un pignon porté par le curseur et manœuvré au moyen d’une tête à oreille. (Fig. 58.)

Nota : Il y a une faute de frappe dans l’édition originale : il s’agit bien de la figure 58, et non 53

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§ II. – NIVEAU.

397. La bouche à feu montée sur affût modèle 1880 est munie, au tourillon droit, d’un support de niveau analogue à celui du 155 L (fig. 43). En ce cas le niveau est du type modifié (fig. 44).

398. Si la bouche à feu est montée sur affût de campagne, on se sert du niveau modèle 1888 qui se place sur la table ou sur les facettes.

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§ III. – GONIOMÈTRE ET INSTRUMENTS DE POINTAGE AU MIROIR.

399. Quand la bouche à feu est montée sur affût modèle 1880, le goniomètre, le miroir et son système d’attache sont identiques à ceux qui sont employés pour le 155 long.

400. Avec les bouches à feu montées sur affût de campagne, on emploie soit le goniomètre de siège, soit le goniomètre de campagne qui s’en distingue par les particularités suivantes :
Il n’est pas organisé pour le pointage au miroir et par suite ne comporte pas d’écran ;
Le plateau est gradué dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (fig. 59).
Le pied est légèrement différent (fig. 60).

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§ IV. – RÉGLETTE DE CORRESPONDANCE.

401. La réglette de correspondance, utilisée dans les batteries de 95, 90 et de 80 facilite aux commandants de batterie certaines opérations à exécuter pendant le réglage. Elle est établie et ne peut être utilisée que pour un calibre et pour une charge déterminée (qui est la charge de plein fouet).

402. La figure 61 représente une des faces de la réglette de correspondance pour canon de 90. La seconde face de la réglette, qui n’est pas figurée, présente des dispositions identiques à celles de la première, mais ses graduations correspondent à des portées variant de 2.900 à 5.800 mètres.

403. Mode d’emploi. – 1° Lire l’angle de tir. – Si le pointage est fait au niveau et s’il existe une différence de niveau entre la batterie et le but, on tient compte de cette différence en déplaçant le coulisseau des angles de tir, par rapport au curseur de lecture préalablement disposé à la distance indiquée d’une quantité égale à l’angle de site exprimé en multiples de 5. Pour chaque distance nouvelle, lire l’angle en regard sur le coulisseau ainsi déplacé ;

2° Repérer la hauteur-type. – Pour repérer la hauteur type, tenir la réglette verticalement à bras tendu, amener vis-à-vis du point du but à partir duquel est comptée la hauteur d’éclatement, la partie inférieure de l’échancrure de hauteur-type et noter un des points de la campagne qui se trouve à la même hauteur que la partie supérieure du corps de réglette ;

3° Mesurer la distance angulaire de deux points. – Tenir la réglette horizontalement à bras tendu et amener le zéro de la graduation en millimètres sur l’un des points ; lire ou estimer la division de la même graduation qui correspond à l’autre point.
La longueur moyenne du bras tendu différant peu de la longueur de la base de la ligne de mire, le nombre de millimètres lu ou évalué comme il vient d’être dit sera sensiblement celui dont il faudrait corriger la dérive pour amener dans un tir l’éclatement des projectiles d’un point, sur l’autre ;
4° Lire l’évent. – Au cas où le débouchage de l’évent se fait à l’aide de la pince-débouchoir, la réglette sert à lire l’évent correspondant à la portée.
Pour faire cette lecture, amener le Irait de repère du coulisseau des évents en face de la division zéro ou de la division de la graduation de repérage qui serait prescrite dans le but de corriger, dès le début du tir, l’évent des tables ; faire glisser le curseur de lecture jusqu’à ce que le biseau affleure le trait correspondant à la distance commandée; lire en regard l’évent cherché ;

5° Effectuer une correction d’évent. -Au moyen du boulon moleté, faire monter ou descendre le coulisseau des évents du nombre de dixièmes de seconde voulu, en se réglant non sur la graduation de repérage, mais sur la graduation même des évents (on admet qu’une division du secteur de correction du débouchoir correspond à un dixième de seconde pour la durée du trajet) ;

6° Effectuer une modification parallèle de distance et de durée. – Faire glisser le curseur de lecture sans déranger la position du coulisseau, jusqu’à ce que le biseau affleure le trait correspondant à la nouvelle distance commandée ; lire en regard l’évent à déboucher.

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ARTICLE VII. ARMEMENTS ET ASSORTIMENTS.
§ I. – CANONS MONTÉS SUR AFFUTS MODÈLE 1880.

404. Les armements et assortiments nécessaires au service de la pièce comprennent :
2 leviers de manœuvre ; 2 leviers de pointage en fer ;1 refouloir ; 1 écouvillon ; 1 panier d’armement ; 1 couvre-bouche ; 1 couvre-culasse ; 1 balai ; 1 marchepied de chargement ; 1 seau d’abreuvoir ; 2 manchons de tourillons (du modèle convenant au canon qui doit être monté sur l’affût) ; 1 règle de repérage ; 1 plaque d’appui de crosse ; 1 tableau noir.

1 caisse aux armements (pour deux pièces) contenant une certaine quantité de menus objets et de-rechanges et en particulier :
4 hausses ; 2 niveaux de pointage ; 2 goniomètres munis de leur écran ; 2 fils à plomb ; 4 sacs à étoupilles ; 4 tire-feu; 2 sacs à’ charge ; 4 seaux à incendie ; 4 sacs à terre ; Des dégorgeoirs ; De la craie ; Des éponges, curettes, brosses, chiffons, boîtes à graisse, burettes à huile et autres accessoires nécessaires au service de la bouche à feu.

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§ II. – CANONS MONTÉS SUR AFFUTS DE CAMPAGNE.

405. Une partie des armements : leviers de pointage, écouvillon, refouloir, est portée par l’affût ; les autres sont :
Pour les batteries mobiles, portés sur les voitures : une Instruction contenue dans chaque avant-train de caisson donne les renseignements nécessaires sur la composition des armements et rechanges et sur la place où ils se trouvent ;
Pour les pièces à poste fixe, emmagasinés dans des abris.

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