Accidents que le tir peut occasionner au matériel

Artillerie allemande - canon explosé

Ces extrait du règlement de manœuvre de l’artillerie à pied présente les principaux accidents pouvant arriver au matériel de 80, 90 et 95 pendant le tir ainsi que les réparations pouvant être effectuées sur le champ de bataille.


CHAPITRE VI. – DES ACCIDENTS QUE LE TIR PEUT OCCASIONNER AU MATÉRIEL.

331. Tout gradé, susceptible d’être appelé à remplir les fonctions de commandant de batterie doit être capable, soit pendant le tir, soit au cours de la visite du matériel qui suit un tir, de reconnaitre les dégradations survenues à une bouche à feu, d’apprécier leur gravité, de prendre les mesures nécessaires pour y porter remède ou pour en éviter le retour. Il doit, en particulier, distinguer les réparations susceptibles d’être faites par les ouvriers de batterie de celles qui exigent l’envoi du matériel dans un établissement.
Il surveille ou fait surveiller de très près les réparations dont il charge les ouvriers de batterie.

Extérieur du corps du canon

332. Extérieur du corps du canon. – L’ouverture des joints des frettes n’offre par elle-même aucun danger. Toutefois, si l’on constate qu’elle s’accentue notablement, il faut, à la suite du tir, passer une visite minutieuse de l’intérieur de l’âme.
Les éclats de projectiles ennemis peuvent produire des dégradations, par suite de chocs, sur la volée, la tranche de la bouche, etc., qui sont de nature à déterminer des éclatements dans l’âme si celle-ci est bosselée ou bavurée. La pièce devra donc être rapidement visitée chaque fois qu’elle aura pu recevoir des éclats d’un projectile éclatant à proximité ;
S’il existe des traces de chocs sur le corps du canon et notamment sur la tranche de la bouche, sur les tourillons ou sur la tranche des embases, on fait mater et adoucir à la lime, par un ouvrier de batterie, les parties refoulées du métal, toutes les fois que la chose est possible, sinon la pièce doit être envoyée à un établissement.

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Guidon

333. Guidon. – Si les pointes du guidon sont faussées ou rapprochées, on peut y remédier en enfonçant dans l’œil, à coups de marteau, un mandrin en bronze ou même en bois dur.
Si les pointes du guidon sont cassées ou seulement émoussées, il faut remplacer le guidon. Pour cela, enlever la goupille à l’aide du marteau et du chasse-goupille ; faire sortir le guidon de son logement en frappant avec le bout du manche du marteau sur la face gauche, le plus près possible de la frette. Introduire alors dans son logement le guidon de rechange, après l’avoir bien essuyé au préalable ; l’enfoncer en frappant sur la face droite de son pied avec le bout du manche du marteau jusqu’à ce que la face gauche du corps vienne toucher la frette et que celle du pied s’appuie contre le fond du logement. (Dans cette position, la face droite du pied du guidon affleure, à peu de chose près, la tranche de l’embase.) Remettre en place la goupille et la chasser à fond dans son logement.
Si la goupille du guidon ne tient pas en place, on l’enfonce davantage ; au besoin on la fausse un peu en son milieu. Si ce moyen ne suffit pas, on la remplace par une goupille de rechange qu’on chasse à fond dans son logement.

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Canal de hausse

334. Canal de hausse. – Si des bavures existent sur la tranche supérieure du fourreau, c’est-à-dire sur le repos du curseur, et empêchent d’introduire la hausse à fond dans son canal, on fait enlever ces bavures à la lime par un ouvrier de batterie. Il faut avoir bien soin de ne pas entamer la surface du repos, afin que la ligne de mire naturelle soit toujours parallèle à l’axe de la bouche à feu.
Si le fourreau a subi un étranglement à la suite d’un choc, on y fait passer, à coups de marteau, le mandrin du canal de hausse.
Si le fourreau s’est agrandi, par suite d’usure ou de toute autre cause, ce qu’on reconnaît au ballottement du mandrin, il faut remplacer le fourreau ; cette opération ne peut être faite que dans un établissement.

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Intérieur de l’âme

335. Intérieur de l’âme. – L’âme ayant été bien nettoyée, pour la visiter, on ouvre la culasse et on place le canon dans une direction et sous un angle tels que l’intérieur soit bien éclairé. On peut augmenter l’éclairement en faisant tenir par un aide un écran en papier, et en orientant cet écran de manière à obtenir le maximum d’éclairement sur toutes les parties de l’âme que l’on examine successivement.
Les érosions, qui se produisent principalement à l’origine des rayures, ne présentent pas de gravité.
Les fissures ne présentent pas de danger tant que leur longueur n’augmente pas pendant le tir. Elles deviennent dangereuses quand elles gagnent, en progressant, le fossé de l’écrou de culasse, ou qu’elles se développent longitudinalement dans la partie rayée jusqu’à la région correspondant à l’extrémité du frettage. Dans ces deux cas, on doit suspendre le tir de la bouche à feu.
On ne doit pas confondre avec les fissures les traits d’outils ou de corps durs, qui ont un tracé plus régulier et plus continu et qui ne présentent pas de danger.
Les dégradations causées aux rayures ou aux cloisons par des éclatements de projectiles dans l’âme ne présentent généralement pas d’inconvénient, à moins qu’il ne se soit produit des bavures en saillie qui risquent de provoquer un ralentissement du projectile et, par suite, le fonctionnement prématuré de la fusée. Dans ce cas, la bouche à feu doit être réparée dans un établissement.
Les bavures déterminées à la partie antérieure du logement du talon du loquet dans la vis de culasse par la manœuvre du mécanisme doivent être ramenées par un matage, puis adoucies, s’il y a lieu, à la lime douce. Il en est de même des bavures déterminées dans la gâche par le bec inférieur du loquet.
Si les filets de l’écrou ou de la vis de culasse présentent des dégradations qui nuisent au fonctionnement du mécanisme, on fait disparaître les bavures en les matant, puis en les adoucissant à la lime douce avec beaucoup de précautions.
Ces diverses réparations ne doivent être exécutées que par des ouvriers habiles.
On doit, en visitant l’intérieur de l’âme, examiner s’il ne s’est pas produit de gonflement dans la volée. On les reconnaît à ce qu’ils occasionnent une modification de l’aspect général de l’âme, en produisant généralement un anneau sombre. Si l’on en constate, il y a lieu de se conformer aux indications de l’instruction sur la visite annuelle des bouches à feu ; il peut être nécessaire de rebuter le canon.

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Obturateurs

336. Obturateurs. – Il n’y a pas lieu de se préoccuper des légères déchirures de la toile, tant qu’elles ne produisent pas une perte sensible de la matière plastique.
Les légères traces de fusion constatées sur les bords de la coupelle antérieure ne présentent pas non plus d’inconvénient, tant qu’elles n’atteignent pas également la coupelle postérieure.
Des traces de fusion constatées sur la coupelle postérieure sont un indice d’obturation incomplète ; elles sont parfois accompagnées de traces noirâtres sur la vis de culasse ou dans son logement. Dans ce cas, il est nécessaire de vérifier si l’obturateur est en bon état et si la tête mobile tourne librement.
Si les bagues en laiton de l’obturateur se sont ouvertes et, en débordant la surface de la tête mobile et de l’obturateur, entravent le fonctionnement de la vis de culasse, on leur rend leur forme primitive en les resserrant à la main.
Si l’obturateur, échauffé et ramolli par le tir, se trouve déformé et gonflé, soit par suite d’une trop grande brusquerie dans l’exécution du mouvement en arrière de la vis, soit par suite d’un choc reçu après que la culasse a été ouverte, on peut le plus souvent remédier à l’accident de la manière suivante : Donner à l’obturateur, avec les doigts, une forme à peu près cylindrique, qui permette de fermer la culasse ; le refroidir en le plongeant dans l’eau ou en le mouillant avec une éponge ; enfin achever de lui rendre sa forme primitive, quand la culasse est fermée, en le moulant dans son logement par un coup de refouloir appliqué sur le champignon de la tête mobile.
Cette dernière opération doit être effectuée aussi lorsqu’on a mis en place un obturateur neuf.

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Tête mobile

337. Tête mobile. – Quand la tête mobile ne tourne pas librement dans le trou central de la vis, on doit enlever la bague, séparer les deux pièces et les examiner ; si la tige est faussée ou si des érosions, partant du canal de lumière, se font jour à la surface extérieure, il faut changer la tête mobile.
Si des bavures existent à l’entrée du trou central de la vis, on les enlève à la lime.
Quand il se produit des ratés très nombreux, on doit examiner si leur cause n’est pas due à une grande augmentation du diamètre du canal de lumière ou à l’existence d’affouillements dans ce canal ; dans les deux cas on remplacera la tête mobile.

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Vis de culasse

338. Vis de culasse. – Si les filets ont été matés par le tir, ou s’ils portent des traces de grippements occasionnés par la poussière qui s’est introduite dans le mécanisme pendant la marche ou dus à un mauvais entretien du mécanisme, on fera disparaître ces dégradations à la lime. Toutefois, il faut user de la lime avec modération et se garder d’entamer le métal des parties voisines.
Quand il y a des bavures à l’extrémité antérieure de la rainure de la clef ou dans le logement du talon du loquet, on les enlève à la lime.
Si la rampe du loquet est disloquée, il faut mater fortement le métal tout autour du grain d’acier, puis adoucir à la lime. Cette réparation ne peut être faite que par un ouvrier exercé.
S’il existe des bavures à l’entrée du trou central, ou si le métal de la vis est refoulé vers l’intérieur du trou central, on se conformera aux indications données pour la tête mobile.
Si le boulon du levier-poignée est mutilé ou faussé, on, le remplace.
Quand la goupille du boulon de levier-poignée joue dans son logement, on la fausse à coups de marteau.

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Volet

339. Volet. – Lorsque la goupille du boulon de charnière a un jeu trop considérable, la tête peut sortir de son logement et s’opposer à la fermeture complète du volet. On fausse alors cette goupille de façon qu’elle soit maintenue dans son logement.
Dans le cas où le boulon de charnière est faussé, on le redresse si cela est possible, ou on le remplace.
Quand il existe des bavures sur la face gauche de la mortaise de sûreté, on les ramène par un matage, puis on adoucit à la lime douce les bavures qui subsistent. Ces dégradations proviennent de ce que, dans le mouvement de fermeture, on a fait effort sur le levier-poignée pour le rabattre, avant que le sixième de tour ait été complet.
Lorsque les oreilles du nœud de charnière sont fendues, le volet doit être remplacé.
Si le bec inférieur, ou le talon du loquet, ou le bec de la clef portent des bavures, on ramène par un matage le métal refoulé, puis on adoucit à la lime douce les bavures qui subsistent.
S’ils sont cassés, on change le loquet ou la clef.
Quand le ressort du loquet est cassé ou bien a perdu son élasticité, on le remplace.
Si la goupille du talon du loquet joue dans son logement, on la fausse à coups de marteau.

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Difficultés d’ouverture de la culasse

340. Difficultés d’ouverture de la culasse. – La dureté de manœuvre, quand elle persiste après le nettoyage, est due à une dégradation qu’il importe de rechercher et de faire disparaître sans retard, sinon, les difficultés de maniement augmenteraient de plus en plus et la dégradation pourrait s’aggraver au point de compromettre sérieusement l’état du matériel.
Si la dureté de manœuvre se présente dans l’exécution du mouvement de rotation de la vis, elle est due à une des causes suivantes :
1° Le matage ou le grippement des filets de la vis et de l’écrou ; on y remédie comme il est indiqué pour l’intérieur de l’âme et pour la vis ;
2° La difficulté de la rotation de la tête mobile dans le trou central ; on se conforme aux prescriptions données pour la tête mobile.

Les difficultés que l’on éprouve pour retirer la vis de la culasse en arrière, sont occasionnées :
1° Soit par l’ouverture de la bague antérieure de l’obturateur et le décroisement de ses deux bouts. Il en résulte une adhérence de l’obturateur dans son logement, qu’il est généralement facile de vaincre à la main ; on se conformera, dans ce cas, aux indications données plus haut pour le système d’obturation ;
2° Soit par l’allongement des filets de la vis ou de l’écrou dans le sens de la circonférence. Pour ouvrir la culasse, il faut alors tirer la vis en arrière pendant qu’un auxiliaire frappe à grands coups de refouloir sur la tête mobile, par l’intérieur du canon.
Lorsque la culasse est ouverte, on répare avec la lime les secteurs déformés.

Les causes qui peuvent s’opposer à la rotation du volet autour de sa charnière sont les suivantes :
1° La rupture du ressort du loquet ;
2° Le bris du bec de la clef et l’introduction du morceau entre le bout de la rainure et l’autre partie de la clef. Alors la culasse ne peut pas être tirée à fond dans le volet, et, par suite, le loquet ne fonctionne pas.
Dans ce cas, pour ouvrir la culasse, chasser la goupille du boulon de charnière et retirer le boulon de charnière ; pousser alors la vis-culasse à droite, puis à gauche, tout en la tirant à soi de façon à dégager le bec inférieur du loquet de son logement. Si l’on n’y réussissait pas, il faudrait enlever la bague de la tête mobile et repousser celle-ci dans la chambre. Une fois la tige dégagée du trou central, on pourrait donner une plus grande inclinaison à la vis-culasse et amener à coup sûr la séparation du volet et du canon.
La clef est remplacée ;
3° La rupture du talon du loquet et l’introduction de la partie brisée dans le logement du talon. Cet accident aurait les mêmes conséquences que celui dont il vient d’être question. On y remédiera de la même façon.
Le loquet est remplacé.
4° La rupture de la bague de la tête mobile. Quand cet accident se produit, la vis-culasse n’entraîne pas la tête mobile dans son mouvement en arrière. Au moment où la vis est complètement retirée, la tige reste encore engagée dans le trou central et s’oppose à la rotation du volet. Il faut alors ou bien chasser la tige à l’aide d’un manche d’outil, de manière à la dégager complètement du trou central, ou bien pousser la tête mobile avec un refouloir, par l’intérieur du canon, de façon à la faire participer au mouvement en arrière de la vis-culasse.
La bague est remplacée.

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Difficultés de fermeture de la culasse

341. Difficultés de fermeture de la culasse. – La fermeture complète du volet peut être empêchée par :
1° La sortie hors de son logement de la tête de la goupille du boulon de charnière. Pour assurer la fixité de la goupille, on la fausse suffisamment et on la remet en place ;
2° L’existence de bavures dans le plan postérieur du logement du bec inférieur du loquet ; ces bavures s’opposent à ce que le bec pénètre dans son logement. Elles sont ramenées par un matage, puis légèrement adoucies à la lime. Quand on ne peut pas introduire la vis à fond dans la culasse, on s’assure d’abord qu’elle ne se trouve pas arrêtée par la charge. Dans le cas contraire, on essaierait, après avoir enlevé la gargousse, d’enfoncer à coups de refouloir l’obus jusqu’à sa position de chargement, puis de mettre en place la gargousse. Si ce moyen ne réussissait pas, il faudrait décharger la pièce. L’obus défectueux peut en général être remis en service.
Quand l’obstacle à l’enfoncement provient de mutilations ou d’un excès de diamètre de la ceinture, il faut régulariser cette dernière par un matage ou à l’aide de la lime ; si le forcement du projectile a lieu au renflement de l’ogive, sur-épaissi accidentellement par une couche de peinture ou de crasse, il faut enlever cette couche avec un couteau racloir.
Si la partie tournée du renflement a encore après le nettoyage un excès de diamètre, l’obus doit être rebuté.
Les difficultés que l’on peut éprouver en dehors du cas d’un chargement irrégulier, soit pour pousser la vis à fond dans la culasse, soit pour lui imprimer une rotation d’un sixième de tour, ont les mêmes causes que les duretés de manœuvre qui surviennent dans l’exécution des mouvements.
On y remédie par les mêmes moyens.

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Pour le 95, on a en outre les particularités suivantes :

Vis-guides, coulisses-guides, verrou

342. Vis-guides, coulisses-guides, verrou. – Il y existe souvent des traces de matage et des bavures occasionnées par une trop grande brusquerie dans le maniement du mécanisme de culasse : on doit les ramener par un matage, puis légèrement les adoucir à la lime.

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