Manœuvre des canons de 95, 90 et 80 sur affût de campagne

95 Lahitolle

Les canons de 90 De Bange et 95 Lahitolle sont visibles à la Batterie de l’Éperon, et une page est consacrée à chacun de ces deux canons sur leur site. Retrouvez ici le règlement de manœuvre de ces deux pièces, plus petits canons de l’artillerie lourde française de l’époque !
Texte tiré du Règlement de manœuvre de l’artillerie à pied, Service des bouches à feu de siège et place, ed. 1915

Cliquez sur les images pour les agrandir


TITRE II. – MATÉRIELS DE 95, 90 ET 80 SUR AFFUTS DE CAMPAGNE.

CHAPITRE I. – DISPOSITIONS GÉNÉRALES.

170. Les matériels de 95, de 90 et de 80 sur affûts de campagne peuvent être employés :
Soit en batteries mobiles, susceptibles de se déplacer rapidement ; en ce cas les pièces sont munies de leurs avant-trains ; les munitions et les armements sont transportés sur voitures ;
Soit à poste fixe, derrière un épaulement ; en ce cas les munitions et les armements sont réunis dans des dépôts ou magasins établis à l’avance.

171. Fonctions des servants. – Le service de la pièce est assuré par :
Un pointeur, qui ouvre et ferme la culasse, charge et pointe la pièce ;
Un tireur, qui amorce et met le feu ;
Un manœuvre, qui aide à pointer la pièce en direction ;
Deux pourvoyeurs, qui apportent les munitions à la pièce.

En outre, il existe par groupe de deux pièces :
Un distributeur, qui prend les munitions dans le coffre et les distribue aux pourvoyeurs ;
Un déboucheur, qui est chargé de déboucher les évents.

Le matériel de 95 sur affût de campagne ne possède pas actuellement de débouchoir. Le distributeur et le déboucheur s’emploient alors de concert à prendre les munitions et à les déboucher, dans le cas du tir fusant, pour les remettre ensuite aux pourvoyeurs.
Si la pièce est derrière un épaulement, le nombre de distributeurs dépend de la manière dont sont organisés les dépôts de munitions.

172. Postes des servants. – Les servants se placent comme il est indiqué dans la figure ci-dessous :

Si la pièce est derrière un épaulement, le débouchoir est installé à l’endroit le plus commode pour le service des deux pièces qu’il dessert.

↑ Haut de page ↑

CHAPITRE II. – ÉCOLE DU CANONNIER SERVANT.
§ I. – DISPOSITIONS DE COMBAT

173.

↑ Haut de page ↑

§ II. – DÉPLACER LA PIÈCE

L’affût est séparé de son avant-train, la crosse à terre et la volée dans la direction du but ; le levier de pointage est engagé dans ses anneaux.

174. Faire avancer (reculer) la pièce. – A l’indication « EN AVANT (EN ARRIÈRE) », le pointeur et le tireur s’appliquent aux roues, le manœuvre et le pourvoyeur présents à la pièce au levier de pointage, tous face du côté prescrit et font avancer (reculer) le canon.
A l’indication « HALTE », tous reprennent leur poste.
Si, pour le mouvement « EN ARRIÈRE », la pièce se trouve enrayée, le pointeur et le tireur décrochent les chaînettes extérieures des sabots ou bien le tireur désarme le frein.

175. Déplacer la pièce en direction. – Le manœuvre se porte au levier de pointage et le saisit des deux mains à l’extrémité, en se plaçant face en avant, les jarrets à demi ployés, les jambes écartées ; il déplace la crosse dans le sens indiqué.
S’il s’agit d’un très fort déplacement, par exemple un demi-tour à la pièce, le manœuvre se place du côté opposé au déplacement et saisit le levier des deux mains, les ongles en dessus ; le pointeur et le tireur s’appliquent à la roue chacun de son côté et dans le sens convenable pour aider au mouvement.
La pièce est préalablement désenrayée, s’il y a lieu.

176. Modifier l’inclinaison de la pièce. – Cette opération est faite par le pointeur.
Canons de 80 et de 90. – Saisir de la main droite la manivelle et la faire tourner dans le sens plus près ou plus loin marqué sur la plaque de dessus de flèche. Dans ce mouvement on peut être amené à changer l’excentrique ; à cet effet, faire peser sur la volée par le tireur, dégager la chevillette d’excentrique de son logement ; relever ou rabattre l’excentrique et remettre en place la chevillette.
Canon de 95 – Rabattre, s’il y a lieu, le support de chargement, après avoir fait peser sur la volée par le tireur ; actionner ensuite le volant de gauche, en agissant sur la poignée avec la main gauche.

↑ Haut de page ↑

§ III. – DISPOSITIONS EN VUE DU RECUL.

177. Affûts munis de sabots d’enrayage – Pour enrayer, le servant (pointeur ou tireur, suivant le côté) dégage le T de l’œil du sabot, décroche le sabot et la chaînette extérieure, pose le sabot à terre en l’engageant sous la roue et accroche la chaînette, extérieure au piton de rondelle de bout d’essieu. Il dégage ensuite la clef de la maille à talon et de la grande maille et accroche celle-ci au crochet de tir.
Pour désenrayer, suivre la marche inverse.

178. Affûts munis du frein à patin – Pour armer le frein, le tireur se porte à la volée, saisit de la main droite la poignée de la crémaillère et la tire fortement à lui en appuyant, légèrement à droite ; le frein étant armé, il met en place la chevillette-arrêt de crémaillère dans les pitons de support.
Pour désarmer le frein, le tireur enlève la chevillette-arrêt de crémaillère et la remet dans le trou de support, puis il saisit la poignée de la main droite en l’appuyant à droite et la repousse jusqu’à ce qu’elle vienne buter contre le support de crémaillère.
Le frein peut agir avec trop d’énergie et occasionner des dégradations au matériel :
1° Si l’armé est trop fort :
2° Si le frottement des cordes se trouve augmenté par suite de l’interposition de terre, de sable, etc. ;
3° Si les brins du cordage chevauchent l’un sur l’autre au moment de l’armé.
On doit donc éviter d’armer le frein avec exagération, sauf à agir de nouveau sur la crémaillère, si l’on reconnaît, après le départ du premier coup, que l’enrayage est insuffisant.
L’armé est bon quand c’est seulement vers la fin du recul que les roues sont enrayées à bloc, c’est-à-dire ne tournent plus.

↑ Haut de page ↑

§ IV. – OUVRIR ET FERMER LA CULASSE.

179. Cette opération est exécutée par le pointeur.

Canons de 80 et de 90.
OUVRIR LA CULASSE. – Pour ouvrir, saisir de la main gauche, les ongles en dessous, le levier-poignée, le relever le plus possible pour dégager la came de la mortaise de sûreté ; maintenir le levier-poignée relevé et le saisir avec la main droite à l’extrémité, le faire tourner avec les deux mains jusqu’à l’arrêt du mouvement pour dégager les filets de la vis ; rabattre le levier-poignée sur le volet, pour décoller l’obturateur ; saisir la poignée fixe de la main droite ; tirer franchement, mais sans brusquerie, la culasse en arrière, en appuyant légèrement à droite ; après l’ouverture de la culasse, faire tourner le volet à gauche autour de la charnière, jusqu’à ce que la vis touche la pièce.
FERMER LA CULASSE. – Pour fermer, ramener le volet avec la main droite, saisir au passage le levier-poignée à l’extrémité avec la main gauche, le relever complètement et saisir avec la main droite la poignée fixe ; pousser la vis de culasse à fond et la faire tourner en appuyant fortement avec les deux mains sur le levier-poignée ; laisser retomber librement celui-ci, dont la came se trouve alors engagée dans la mortaise de sûreté et empêche ainsi l’ouverture accidentelle de la culasse au départ du coup.
Afin d’éviter les dégradations, le servant, avant d’imprimer le mouvement de rotation à la vis, doit avoir soin de tenir le levier-poignée complètement levé ; il doit le maintenir ainsi jusqu’à l’arrêt du mouvement, et, après l’arrêt, ne pas chercher à forcer la tête du levier-poignée dans la mortaise de sûreté.

Canons de 95.
Pour ouvrir la culasse, soulever le linguet de sûreté avec le premier doigt de la main droite ; saisir de la main gauche, les ongles en dessous, la manette, la tirer à gauche en agissant par saccades, si cela est nécessaire, jusqu’à l’arrêt du mouvement, pour faire tourner la vis. Laisser retomber le linguet, saisir de la main droite la poignée de culasse, tirer la vis en arrière et faire tourner le volet à droite, jusqu’à l’arrêt du mouvement.
Pour fermer, ramener sans brusquerie le volet avec la main droite placée à la manette ; pousser la vis à fond avec les deux mains ; faire tourner la manivelle sans brusquerie jusqu’au-delà du linguet, s’assurer que celui-ci, après s’être soulevé, est retombé librement dans son logement. La culasse fermée, faire enlever des taquets le levier de pointage.
Avant d’ouvrir la culasse, le pointeur place la pièce sur le support de chargement ; la culasse fermée, il rabat le support de chargement. Le tireur l’aide en appuyant sur la volée.

↑ Haut de page ↑

§ V. – EMPLOI DU DÉBOUCHOIR.

Dans les batteries de 80 et de 90 seulement. Dans les batteries de 95, où le débouchoir n’existe pas, les évents sont débouchés par le distributeur et le déboucheur. Le distributeur présente l’obus au déboucheur qui perce l’évent à l’aide de la pince-débouchoir.
Le commandement « CORRECTEUR-TANT, TELLE DISTANCE » est alors remplacé par le commandement « ÉVENT », TANT DE SECONDES, TANT (DE MILLIÈMES).

180. Installer le débouchoir. – Le déboucheur se porte au canon et, aidé du pourvoyeur de gauche, retire le débouchoir et l’apporte à sa place de batterie. Les pourvoyeurs qui ont dans leur sac à charges les sacs à distribution, les étalent à terre : l’un des sacs est étendu de manière que son grand côté soit parallèle à l’axe des pièces ; l’autre est placé en avant et dans une direction perpendiculaire. Le déboucheur place le débouchoir sur la partie antérieure du premier sac, les charnières du couvercle en avant ; il se met à genoux sur l’un des sacs, face à l’instrument, à côté des leviers.

180 bis. Ouvrir et fermer le débouchoir. – Pour ouvrir le débouchoir, agir sur la chevillette du fermoir et relever le couvercle.
Pour fermer le débouchoir, mettre le correcteur à la division 20 et tourner la manivelle dans le sens de la diminution des distances jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée par la butée ; rabattre le couvercle sur la boîte et agir sur la chevillette du fermoir.

181. Faire marquer les divisions prescrites. – Le déboucheur, ayant appris à ouvrir et à fermer le débouchoir, au commandement : CORRECTEUR, TANT, par ex. : CORRECTEUR, 18, desserre l’oreille de serrage du correcteur et déplace celui-ci avec les deux mains jusqu’à ce que le trait de repère se trouve en face de la division indiquée, puis, maintenant le correcteur avec une main, il resserre l’oreille de serrage avec l’autre et annonce à haute voix la division du correcteur qui est en face du trait de repère, par exemple : correcteur, 18. Pour atténuer l’effet du jeu des organes du débouchoir, il y a lieu de terminer toujours le mouvement du cadran dans le sens d’augmentation des distances.

Au commandement : TELLE DISTANCE, par ex. : 2.500, le déboucheur saisit avec la main droite le bouton de la manivelle du cadran gradué des distances, appuie sur celle-ci pour la désengrener et la fait tourner dans le sens convenable, en continuant à appuyer jusqu’à ce que la distance indiquée soit en face du trait de repère, puis il abandonne la manivelle, lit la distance marquée sur le cadran gradué et l’annonce à haute voix : 2.500.

182. Le commandement : Correcteur tant, doit toujours précéder l’énoncé de la distance, de manière à obliger le déboucheur à effectuer toujours les deux opérations dans l’ordre normal : le correcteur d’abord, la distance ensuite.
Si, après un premier commandement : Correcteur tant, telle distance, l’instructeur en fait un second, en annonçant seulement la distance, par exemple : 2.900, sans indiquer de divisions pour le correcteur, le déboucheur laisse le correcteur à la distance où il se trouve ; il donne seulement la nouvelle distance et l’annonce : 2.900.

183. Garnir une boite d’ogive. – Le pourvoyeur saisit l’obus au culot avec la main droite et à l’ogive avec la main gauche ; il le tourne d’aplomb, le culot en l’air, engage la fusée dans la boîte d’ogive qui est de son côté, l’y fait reposer sans choc, puis, avec la main droite, il fait tourner lentement l’obus dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à ce que le tenon (L’emploi du débouchoir exige des fusées à tenon, dites T.) de la fusée tombe dans son logement.

184. Déboucher. – Le déboucheur n’emploie jamais que la main droite, même pour manœuvrer le levier de gauche. Il appuie avec la main droite sur le levier, l’abaisse à fond, de manière à percer la fusée, le relève complètement jusqu’à ce qu’il soit vertical, de manière à retirer la lame de la fusée ; enfin, il l’abandonne en comptant « un ».
Il saisit ensuite le projectile, la main gauche sur le corps de l’obus, la main droite au culot et le rend au pourvoyeur.

185. Déboucher plusieurs projectiles. – L’instructeur enseigne aux canonniers que le débouchoir sert en principe pour 2 pièces, tirant toujours le même nombre de projectiles débouchés au même évent.
Le pourvoyeur de chaque pièce ayant garni la boîte d’ogive de son côté, l’instructeur commande : « PAR TANT, CORRECTEUR TANT, TELLE DISTANCE. »
Le déboucheur, après avoir fait marquer au débouchoir le correcteur et la distance ordonnés, débouche les 2 projectiles en commençant par celui de droite et les passe aux pourvoyeurs dans le même ordre, en comptant à haute voix « 1, 1 », au fur et à mesure qu’il les leur remet. Les boîtes d’ogive sont garnies à nouveau par les pourvoyeurs et les projectiles sont débouchés dans le même ordre par le déboucheur qui compte « 2, 2 », en les remettant aux pourvoyeurs et, ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ait débouché pour chaque pièce le nombre de projectiles indiqués par le commandement.

↑ Haut de page ↑

§ VI. – CHARGER.

186. Distribuer les munitions. – Le distributeur ouvre le coffre d’arrière-train du caisson et opère ainsi qu’il suit :

Matériel de 90. – Il tire sur la porte rabattue le porte-obus de droite et le porte-charge de gauche ; il en retire les projectiles et les gargousses qu’il remet aux pourvoyeurs ; quand le porte-obus et le porte-charge sont vides, il les remet en place ; il continue la distribution en allant de la droite à la gauche pour les porte-obus, de la gauche à la droite pour les porte-charges.
Matériel de 80. – Il enlève le couvre-obus de droite et le pose sur celui de gauche, replie le couvre-charges contre le couvercle ; prend les projectiles dans la case de droite ; il prend les gargousses qui sont sur le côté gauche de la case aux charges. Il continue la distribution en achevant de vider la case de droite avant de passer à celle de gauche et en prenant les gargousses de la gauche à la droite.

Matériel de 95. – Il enlève le couvre obus de droite et prend les projectiles dans la case de droite qu’il épuise avant de passer à celle de gauche. Il prend les gargousses qui sont sur le couvre-charges ; quand elles sont épuisées, il enlève le couvre-charges, retire de la case inférieure cinq nouvelles gargousses qu’il prend parmi celles du milieu, et les place sur le couvre-charges qu’il remet en place. 

187. Lorsque le coffre de derrière d’arrière-train est épuisé, on passe au coffre de devant, puis à celui d’avant-train. Avant d’ouvrir ces coffres, le distributeur fixe l’anneau de la chaîne de sûreté au crochet d’armon situé du côté opposé à celui où il se trouve.
Quand le feu cesse, les munitions non employées sont remises en place, ainsi que les porte-charges et porte-obus (ou couvre-charges et couvre-obus), le coffre est fermé et la chaîne de sûreté est, s’il y a lieu, replacée.
Les boîtes à mitraille sont prises dans les coffres d’avant-train de chaque pièce.

188. Apporter les munitions à la pièce. – Les deux pourvoyeurs se relaient pour l’approvisionnement de la pièce.
Chacun d’eux reçoit une gargousse placée dans le sac à charges et un projectile tenu dans l’avant-bras gauche, l’ogive dans la main. Dans les batteries de 80 et 90, lorsqu’une pièce doit tirer plusieurs projectiles au même évent, ou percutants, le pourvoyeur reçoit 2 gargousses qu’il place dans les compartiments latéraux des sacs à charge et 2 projectiles. Il place l’un d’eux dans le compartiment du milieu du sac et tient l’autre sur l’avant-bras gauche.
Le pourvoyeur se porte à droite et près du milieu de la flèche et donne au pointeur le projectile, puis la gargousse la ligature en avant.

189. Introduire le projectile et la gargousse. – La culasse a été ouverte au préalable ; la hampe du refouloir a été dégagée de son support (canons de 80 et de 90), ou le refouloir a été placé, la tête dans l’œil de l’entretoise d’affût, la hampe sur l’entretoise suivante du côté de la crosse (canon de 95). Le pointeur prend avec les deux mains, la main droite sous l’ogive et la main gauche sous le culot, le projectile que lui tend le pourvoyeur ; il s’assure qu’il n’existe pas de corps étrangers dans l’âme de la bouche à feu ; il engage dans la chambre et pousse le projectile doucement avec la main droite en appuyant sur le culot, jusqu’à ce que celui-ci ait dépassé le logement de la vis de culasse ; il prend le refouloir que lui passe le tireur avec la main droite et pousse le projectile jusqu’à ce qu’il ne puisse plus avancer, puis il l’assure à sa position de chargement d’un seul coup de refouloir et rend le refouloir au tireur qui le remet en place.
Pour introduire la boîte à mitraille, le pointeur opère de même, en ayant soin de la placer dans la chambre, la rondelle-arrêtoir en arrière.
Le chargeur ayant introduit le projectile, reçoit la gargousse, la fait glisser dans la chambre, la ligature en avant et l’accompagne avec la main jusqu’à ce que le culot arrive à l’entrée de la chambre, sans y être engagé.
Il ferme la culasse.

Si on emploie la poudre B, la gargousse doit être placée de façon que l’appoint se trouve en face du débouché du canal de lumière par lequel se fait la mise de feu. On y arrive, soit en orientant la gargousse de manière que la partie la plus bombée de l’appoint se trouve à la partie supérieure du culot, soit, si la gargousse présente une rigidité suffisante, en relevant le culot vers le haut de la chambre.
Il est très important, pour faciliter la mise dé feu, que le champignon de la tête mobile, lorsqu’on ferme la culasse, vienne appuyer contre la gargousse et la pousse à sa position définitive en restant en contact avec elle, afin que le feu de l’étoupille atteigne sûrement la charge.

↑ Haut de page ↑

§ VII. – POINTER.

190. Le pointage s’exécute : Soit avec la hausse, seule ou combinée avec le niveau de pointage ; Soit avec le goniomètre et le niveau ; Soit enfin en dirigeant la ligne de visée par la génératrice supérieure du tonnerre.

POINTAGE A LA HAUSSE, SEULE OU COMBINÉE AVEC LE NIVEAU.

191. Donner la hausse. – La tige de la hausse étant tenue dans la main gauche, desserrer avec la main droite, d’un quart de tour la vis de pression du curseur ; amener le trait de repère (ou le biseau) (1) du curseur en coïncidence avec la division prescrite de l’échelle indiquée, serrer la vis de pression et vérifier que la coïncidence n’a pas été dérangée par le serrage ; annoncer ensuite à haute voix la division marquée. Exemple : 1.550 mètres ou 78 millimètres.

Donner la dérive. – Desserrer avec la main gauche l’écrou à oreilles de la tête de la hausse, agir sur le bouton moleté pour amener la division prescrite en coïncidence avec le trait de repère de la tête, serrer l’écrou et vérifier que la coïncidence n’a pas été dérangée par le serrage ; annoncer ensuite à haute voix la division marquée, par exemple : « DÉRIVE 3 » ou « CONTRE-DÉRIVE 2 ».

Mettre la hausse en place. – Pour mettre la hausse en place, le pointeur monte sur le marchepied, engage la hausse dans le canal, la planchette des dérives parallèle à la tranche de culasse, et pousse la hausse à fond, sans à-coup, en appuyant sur le poussoir du curseur. Il s’assure que le curseur touche l’épaulement (ou que le verrou du curseur tombe dans son logement) (1) et que le trait de repère (ou que le biseau) (1) du curseur est resté en coïncidence avec la division prescrite. On ne doit jamais enfoncer la hausse en pressant sur la tête, ou en exerçant une traction sur la partie inférieure de la tige.

(1) Pour les hausses à crémaillère dans les matériels de 80 et de 90.

Enlever la hausse de la pièce. – Pour enlever la hausse, appuyer avec la paume de la main gauche sous la tige (canons de 90 et de 80 : en tirant en même temps sur la tête à oreilles du verrou avec la main droite).
Canons de 95 : la hausse est enlevée dès que le pointage est achevé.
Canons de 90 et de 80 : la hausse reste dans son canal pendant toute la durée du tir.

Modifier la hausse ou la dérive. – Pour modifier la hausse, l’instructeur prescrit une nouvelle division.
Canons de 95 :Le pointeur enlève la hausse, lui fait marquer cette nouvelle division et la replace dans son canal.
Canons de 80 et de 90 : Le pointeur, après avoir desserré la vis de pression du curseur, fait mouvoir la tige en tournant avec la main droite la tête à oreilles du verrou jusqu’à ce que le biseau du curseur affleure la division indiquée, puis serre la vis de pression.

Les modifications à la dérive sont prescrites sous la forme : « PORTEZ L’ŒILLETON A GAUCHE OU A DROITE DE TANT » : Le pointeur laisse la hausse en place et modifie dans le sens convenable la position de la planchette du nombre de millimètres indiqué. Il annonce la nouvelle dérive ou contre-dérive.

Prendre la ligne de mire. – La ligne de mire est la ligne qui passe par le centre de l’œilleton et le milieu de l’intervalle des pointes du guidon. Pour prendre la ligne de mire, le pointeur se place à la culasse, à gauche de la pièce, le pied gauche à hauteur du crochet porte-levier de pointage, recule le pied droit dans le voisinage de la poignée de crosse, en se baissant, le jarret droit tendu, le gauche ployé. Il vise par le centre de l’œilleton et le milieu de l’intervalle des pointes du guidon.

Pointer en direction. – Pointer en direction, c’est faire passer la ligne de mire par la verticale du point du but indiqué. Le pointeur, après avoir pris la ligne de mire, fait déplacer la crosse à droite ou à gauche, en faisant signe avec la main droite, tendue en arrière, jusqu’à ce que le résultat cherché soit obtenu.

Pointer en hauteur. – La pièce étant pointée en direction, pointer en hauteur c’est faire passer la ligne de mire par un point donné du but. Le pointeur fait varier lui-même l’inclinaison de la pièce.

Pointer en direction et en hauteur. – La suite des opérations est la suivante : Donner la hausse et la dérive ; Mettre la hausse en place et prendre la ligne de mire ; Faire déplacer la pièce en hauteur jusqu’à ce que le but apparaisse un peu au-dessus du guidon ; Achever de pointer en direction ; Achever de pointer en hauteur ; Enlever la hausse s’il y a lieu et descendre de l’affût.

Pointer sur but mobile. – L’instructeur ayant fait l’indication « BUT MOBILE », le pointeur dirige, comme il a été dit ci-dessus, sa ligne de mire vers le but. Dès qu’il y est arrivé, il annonce « PRÊT », puis il suit le but en faisant déplacer la pièce en hauteur et en direction, jusqu’à la première partie du commandement « PIÈCE. – FEU ». A ce moment, il enlève vivement la hausse s’il y a lieu et descend de l’affût.
Si, à un certain moment, le pointeur cesse de suivre le but, il annonce « PAS PRÊT ».

EMPLOI COMBINÉ DE LA HAUSSE ET DU NIVEAU.

Le pointage en direction se fait avec la hausse, soit en plaçant l’œil à l’œilleton, soit en se servant du fil à plomb.
Si le but est visible à l’œilleton, le pointage en direction s’exécute comme il est dit ci-dessus, en donnant la dérive prescrite et une hausse quelconque, pourvu qu’elle soit commode pour le pointage en direction.
Si le but n’est pas visible à l’œilleton, mais peut être aperçu par le pointeur placé derrière l’affût, soit debout, soit élevé par un procédé quelconque, le pointage en direction est exécuté avec le fil à plomb. A cet effet, après avoir donné la dérive prescrite et une hausse quelconque, le pointeur se porte en arrière de l’affût de façon à apercevoir le but. Il se place ensuite de façon à couvrir avec le fil à plomb le milieu de l’intervalle des pointes du guidon et le but, puis il fait déplacer la crosse à droite ou à gauche jusqu’à ce que l’œilleton ou le fond du cran de mire de la planchette des dérives se trouve sur l’alignement ainsi déterminé.
Le pointage en hauteur se fait après le pointage en direction au moyen du niveau.

POINTAGE AU GONIOMÈTRE ET AU NIVEAU.

192. Pointer en direction. Si on emploie un goniomètre de siège, l’opération s’exécute comme pour le 155 L :
a) Lire une division marquée par le goniomètre.
Commencer par lire sur le plateau le nombre des centaines qui est en face du trait de repère de la tige ; faire suivre ce nombre de celui qu’on lit sur le tambour gradué en face du trait de repère.
Exemple : le trait de repère de la tige étant en face du nombre 2.800 du plateau, le second trait de repère étant en face du nombre 53 du tambour, le goniomètre marque la division 2.853.

b) Faire marquer au goniomètre une division prescrite.
Placer à plat, sur la paume de la main gauche, la partie du pied du goniomètre comprise entre les pattes et maintenir l’instrument au moyen du pouce et des premiers doigts de la main, saisir le bouton moleté de la tige avec la main droite en appuyant vigoureusement contre la main gauche pour permettre à la tige de tourner librement et sans que les engrenages placés à l’intérieur du pied frottent l’un sur l’autre ; faire tourner la tige autour de son axe jusqu’à ce que le trait de repère soit en face du nombre de centaines prescrit. Abandonner alors le bouton moleté.
Pour faire ensuite marquer les dizaines et les unités, desserrer la vis de pression du collimateur, puis faire tourner le tambour jusqu’à ce que le nombre d’unités soit en face du trait de repère ; serrer la vis de pression et annoncer à haute voix le nombre marqué : 2,853.

c) Modifier la division marquée par le goniomètre.
Pour augmenter ou diminuer d’un nombre donné la division marquée, le pointeur l’ait de tête l’addition ou la soustraction et fait marquer à l’instrument la division qui résulte de cette opération.

Mais, généralement, avec le 80, le 90 et le 95 sur affût de campagne, on fait usage du goniomètre de campagne, qui se différencie du goniomètre de siège par le sens de sa graduation.

La ligne de mire est constituée par le prolongement de la fente lumineuse du collimateur au-dessus de celui-ci.
Pour distinguer la ligne de visée, placer l’œil le plus près possible de la lentille du collimateur et viser d’abord sur un fond sombre. On aperçoit au-dessus du collimateur et dans le prolongement de la fente lumineuse une image effilée, lumineuse elle-même, de 2 à 4 millimètres de hauteur. Avec un peu d’habitude, on arrive à distinguer cette ligne de visée sur des fonds très clairs.
C’est la partie la plus effilée de l’image qu’il faut, dans le pointage, faire passer par le point de pointage indique

Pour donner la direction à la pièce, placer le goniomètre sur la culasse de manière à engager les talons dans la gorge de culasse, en maintenant le pied d’une main et en exerçant une légère, pression de haut en bas et d’arrière en avant (d’avant en arrière) lorsque le repère est en avant (en arrière), de façon à maintenir les talons contre le ressaut de la gorge ; Il fait déplacer la pièce en direction jusqu’à ce que le collimateur soit à peu près dans la direction du point de pointage.
Il déplace, s’il y a lieu, le goniomètre le long du plan d’appui pour placer la bulle exactement entre ses repères et place l’œil à la lentille, en ayant bien soin de maintenir avec une main le goniomètre vertical, ce dont on est sûr si la fente lumineuse apparaît verticale ; il incline de l’autre main le support de collimateur, de façon que le point de pointage apparaisse au-dessus du collimateur.
Il continue à faire déplacer la pièce en direction, tout en surveillant la position du goniomètre, jusqu’à ce que la ligne de visée passe par le point de pointage.

193. Nota. – Les affûts de campagne ne sont pas munis de dispositifs de repérage au miroir.

194. Pointer en hauteur. – Faire marquer au niveau l’angle prescrit, par exemple 4° 35′. Mettre le niveau à plat dans les deux mains, la charnière près du corps ; appuyer sur la tête du piston en la saisissant entre le pouce et le premier doigt de la main droite pour dégager ses dents de celles du limbe, amener le trait de repère vis-à-vis de la division qui marque le nombre de degrés indiqué et abandonner le piston. Tourner ensuite le niveau, la charnière à gauche, de manière à pouvoir lire facilement la graduation de la réglette, desserrer la vis de pression, faire glisser le curseur le long de la réglette pour amener le trait de repère vis-à-vis de la division qui marque le nombre de minutes indiqué, serrer la vis de pression et annoncer à haute voix les nombres de degrés et de minutes marqués : 4° 35′.
Pour donner l’angle, le pointeur se porte à la culasse, place le niveau sur ses facettes, de manière que la graduation correspondant à l’angle donné soit à gauche ; il agit vivement sur la manivelle jusqu’à ce qu’il voie la bulle passer d’un côté à l’autre ; il tourne ensuite avec précaution dans un sens ou dans l’autre de manière que la bulle s’arrête exactement entre ses repères.

195. Pointer en hauteur et en direction. – L’ordre des opérations est le suivant : Dégrossir le pointage en hauteur ; Pointer en direction ; Terminer le pointage en hauteur.

POINTAGE PAR LA GÉNÉRATRICE SUPÉRIEURE DU TONNERRE.

196. Le but étant très rapproché, l’instructeur commande : « A MITRAILLE ».
Le pointeur pointe la pièce en direction et en hauteur, en visant par la génératrice supérieure du tonnerre. Si la pièce est chargée à obus percutant, il la pointe sur le sol, à mi-distance entre le but et la pièce. Si la pièce est chargée avec une boite à mitraille ou un obus débouché à zéro, il la pointe sur le but lui-même.

REPÉRAGE.

197. Repérer au tonnerre. – Le pointeur desserre la vis de pression du tambour et fait marquer zéro à celui-ci.
Il se place et dispose le goniomètre comme pour pointer la pièce ; il maintient le pied d’une main pendant qu’avec l’autre, il saisit le bouton moleté et appuie vigoureusement de haut en bas ; il fait tourner la tige jusqu’à ce que la ligne de visée passe aussi près que possible et à droite du point de pointage ; il fait tourner ensuite le tambour de manière à faire passer la ligne de visée par le point de pointage. Il serre la vis du tambour, vérifie que le pointage n’est pas dérangé et annonce à haute voix la division marquée par le goniomètre, par exemple : 1,240.
Si le niveau n’est pas muni de la douille à miroir, le tireur le passe au pointeur. Celui-ci place le niveau sur les facettes du tonnerre et prend l’inclinaison de la pièce.

↑ Haut de page ↑

§ VIII. – AMORCER.

198. Le tireur tient le tire-feu dans la main gauche par la bobine et le crochet, le poignet engagé dans le bracelet, le passant coulant serré. Dès que la pièce est chargée, il se porte à la culasse et vérifie que le levier est bien abattu ; il prend une étoupille dans son sac, redresse la boucle perpendiculairement au tube et engage le crochet du tire-feu dans la boucle, de dessus en dessous ; puis il introduit avec la main droite l’étoupille à fond dans la lumière, la boucle tournée à droite, la rondelle de frottement engagée dans la cuvette de la tête mobile.

↑ Haut de page ↑

§ IX. – METTRE LE FEU.

199. La pièce étant amorcée, au commandement : « PIÈCE », le tireur se porte à la pièce, saisit de la main droite la bobine, de la main gauche le bracelet du tire-feu, recule dans le prolongement de la tranche de culasse jusqu’à ce qu’il ait dépassé de 0m. 50 environ le bout de la fusée d’essieu, fait un à-gauche, se fend de la jambe gauche, la droite restant en position, le jarret gauche tendu, le droit ployé, le cordon tire-feu légèrement tendu, et fait glisser la bobine à 0m. 50 environ du nœud ; il s’assure d’un regard que ces mouvements n’ont pas dérangé la position de l’étoupille.
Au commandement : « FEU », le tireur ramène brusquement la bobine contre le nœud en suivant la direction du cordon. Le coup parti, le tireur replace le tire-feu dans la main gauche.

↑ Haut de page ↑

CHAPITRE III. – ÉCOLE DU PELOTON DE LA PIÈCE.
FORMATION DU PELOTON DE LA PIÈCE.

200. Les servants sont formés sur deux rangs, dans l’ordre indiqué ci-dessous :

* Le schéma apparait dans ce sens dans le manuel d’instruction

Le déboucheur fait partie du peloton de la pièce qui porte le débouchoir ; le distributeur fait partie du peloton de l’autre pièce.

201. Cette formation est prise au commandement « RASSEMBLEMENT » du chef de pièce.
Le peloton de servants ne pourra prendre cette formation que dans un endroit défilé ou abrité, et par conséquent toujours en dehors du terre-plein.
Le mouvement s’exécute comme il est dit à l’instruction à pied. Le peloton une fois formé, le chef de pièce se place à la droite du premier rang.

En instruction, l’école de la pièce est dirigée par un gradé, qui remplit le rôle de chef de pièce. Dès que le pointeur est suffisamment instruit, l’instructeur lui fait prendre de temps à autre le commandement du peloton de pièce.

Au tir, la pièce est commandée, soit par un gradé chef de pièce, soit par le pointeur, qui, en principe, continue à remplir ses fonctions normales. Le pointeur et le tireur doivent être des canonniers faisant partie du cadre des pointeurs (maîtres-pointeurs ou pointeurs), les fonctions de pointeur étant de préférence remplies par un maître-pointeur.

202. Le pointeur est un canonnier faisant partie du cadre des pointeurs de la batterie ; s’il doit commander la pièce, choisir autant que possible un maître pointeur.
Le déboucheur et le distributeur sont des canonniers instruits.
Le tireur et le manœuvre, et surtout les pourvoyeurs, peuvent être des canonniers peu instruits ou même des auxiliaires.

METTRE LA PIÈCE EN BATTERIE.

203. La pièce ayant été amenée sur l’emplacement où elle doit tirer et les servants étant dans la formation indiquée ci-dessus (n° 200), au commandement « EN BATTERIE. HALTE » du chef de pièce, le manœuvre et le pourvoyeur de gauche se portent à la crosse ; le pourvoyeur ôte la chevillette du crochet cheville-ouvrière et saisit de la main gauche la poignée de crosse de son côté ; le manœuvre saisit l’autre poignée et tous deux soulèvent la crosse.

Si le mouvement de l’avant-train doit s’opérer à bras, le déboucheur ou le distributeur va s’appliquer à l’extrémité du timon, tandis que le pourvoyeur de droite s’applique à la roue gauche de l’avant-train.
Le pourvoyeur de gauche commande « MARCHE » aussitôt que le crochet est sorti de la lunette ; l’avant-train est emmené à la position indiquée par le chef de pièce. La crosse est posée à terre. Le manœuvre engage le levier de pointage dans ses anneaux et la pièce est placée à peu près dans la direction du but (n° 175).

METTRE LA PIÈCE SUR AVANT-TRAIN.

204. La pièce étant en batterie, au commandement « AMENEZ L’AVANT-TRAIN », le manœuvre enlève, s’il y a lieu, le levier de pointage, et se place face en arrière, à droite de la crosse ; le pourvoyeur de gauche se place à gauche de la crosse ; le pointeur et le tireur s’appliquent aux roues comme dans le mouvement « en arrière ».
Si l’avant-train doit être amené à bras, le déboucheur (distributeur) et le pourvoyeur de droite s’appliquent à l’avant-train comme il est dit ci-dessus.
Au commandement « MARCHE », l’avant-train est amené de manière que la cheville-ouvrière soit près de la lunette ; les servants qui sont à la crosse la soulèvent ; ceux qui sont aux roues font- reculer l’affût, en se conformant aux indications du pourvoyeur de gauche qui dirige la crosse de manière à engager le crochet dans la lunette.
Dès qu’il y est arrivé, il place la chevillette.
Le peloton des servants se forme ensuite à l’indication du chef de pièce.

DISPOSITIONS DE COMBAT.

205. La pièce étant en batterie, le chef de pièce commande : « DISPOSITIONS DE COMBAT. »
Les dispositions de combat prévues au n° 173 sont prises.
Le tireur enraye pour le tir (le tireur et le pointeur disposent des sabots d’enrayage pour le tir).
Le déboucheur ouvre le débouchoir, en vérifie le fonctionnement et place l’index du correcteur à la division 20. (On prépare à sa portée une pince-débouchoir.) Le distributeur ouvre le caisson (ou la caisse à gargousses) et se tient prêt à distribuer les munitions. Les servants se munissent d’ouate.

La pièce est flambée : le chargeur passe le dégorgeoir simple sur le canal de lumière, ouvre la culasse pour s’assurer que la pièce n’est pas chargée et que l’âme ne renferme pas de gravois, la referme. Le tireur met le feu. Si le temps est très humide, on tire deux ou trois étoupilles
Le chef de pièce fait alors mettre sa pièce en surveillance et mesurer l’angle minimum par les commandements : « POINTEUR SUR MOI. – POINT DE POINTAGE TEL POINT » « Au TONNERRE : TANT. – EN SURVEILLANCE ». La pièce est immédiatement pointée, puis repérée au miroir. L’angle au miroir obtenu prend le nom de dérive de surveillance. Le pointeur l’inscrit sur le tableau noir.

Si le point de pointage qui a servi à donner la direction initiale est exposé à disparaître ou est placé dans une direction incommode pour le pointeur, ce dernier choisit de lui-même à 500 mètres au moins de la pièce un point de repérage ne prêtant pas à confusion. L’angle au tonnerre de repérage (ou l’angle au tonnerre de pointage s’il a été inutile de choisir un point de repérage particulier) est inscrit sur le flasque gauche et prend le nom de dérive de surveillance.
Dans le cas du pointage à la hausse, le chef de pièce remplace le commandement : « Au TONNERRE : TANT » par le commandement : « DÉRIVE : ZÉRO. »
Pour mesurer l’angle minimum au-dessous duquel la pièce risquerait d’écrêter, il suffit de pointer par la génératrice inférieure de l’âme sur le sommet de la crête ou du masque et de repérer au niveau. L’angle de repérage obtenu, corrigé s’il y a lieu, est inscrit sur le flasque droit. La pièce ne doit jamais tirer sous un angle inférieur.
Dans le cas où il y a intérêt à ouvrir le feu le plus tôt possible après la mise en batterie, le chef de pièce peut faire équiper les servants et flamber la pièce pendant que le canon est encore sur son avant-train.
Dans le cas où la pièce est en batterie sur des emplacements de rempart ou dans des batteries de siège, le chef de pièce fait approvisionner les niches à munitions.

FAIRE ENTRER LES SERVANTS A LEURS POSTES.

206. La pièce étant en batterie et les dispositions de combat ayant été prises, au commandement « A VOS POSTES », chaque servant se porte à son poste par le chemin le plus court.

EXÉCUTION DU TIR.

207. Dès qu’il veut ouvrir le feu, le chef de pièce commande : « GARDE A VOUS », « AUGMENTEZ OU DIMINUEZ DE TANT », « (A OBUS EXPLOSIFS) TIR PERCUTANT (CORRECTEUR TANT) », « (DISTANCE TANT) ANGLE TANT ».
Dans le cas du pointage à la hausse, il commande : « A GAUCHE (DROITE) TANT DE MAINS (DOIGTS) » « SUR TEL OBJECTIF. DÉRIVE (CONTRE DÉRIVE) TANT », « (A OBUS EXPLOSIFS) TIR PERCUTANT (CORRECTEUR TANT) », « DISTANCE TANT. »
Quand on ne dispose pas de débouchoir, le commandement relatif au débouchoir est remplacé par le commandement : « ÉVENT, TANT. »

I. Le pointeur fait marquer aux instruments de pointage les divisions prescrites ; le tireur prépare le refouloir comme il est dit au n° 189.

II. a) Tir percutant. – Le pourvoyeur placé au caisson reçoit du distributeur deux gargousses et deux projectiles qu’il apporte à la pièce.
b) Tir fusant. – Le pourvoyeur placé, au caisson reçoit, du distributeur une gargousse et un projectile. Il introduit le projectile dans la boîte d’ogive du débouchoir placé de son côté. Dès que le projectile débouché lui a été remis par le déboucheur, il l’apporte, ainsi que la gargousse, à la pièce.

Dans le cas où les projectiles sont placés à l’avance dans les niches à projectiles au voisinage des pièces :
a) Tir percutant. – Le pourvoyeur placé près des niches à gargousses reçoit du distributeur deux charges, puis les apporte à, la pièce et prend les projectiles dans les niches à projectiles.
b) Tir fusant. – Le pourvoyeur de la pièce, avant d’aller prendre les gargousses auprès du distributeur, prend deux projectiles aux niches à projectiles et les apporte au déboucheur qui débouche l’un et garde le second pour le coup suivant.
Un projectile débouché est donné au pourvoyeur qui l’apporte à la pièce, ainsi qu’une gargousse.

III. – Le déboucheur fait marquer au correcteur et au cadran les divisions prescrites, débouche le projectile introduit par le pourvoyeur dans la boîte d’ogive et le rend à celui-ci.

IV. Les servants exécutent successivement et sans interruption les différentes opérations du tir : charger, pointer, amorcer.

La pièce est tirée au commandement du chef de pièce.
Le coup parti, les servants la ramènent en batterie aussi exactement que possible au même emplacement.

208. La charge recommence au commandement :
« CORRECTEUR TANT » (cas du tir fusant, Cas du pointage 1 si le correcteur doit être modifié).
à la hausse. « TELLE DISTANCE » (cas du tir percutant et du tir fusant).
« CORRECTEUR TANT » (cas du tir fusant, si le correcteur doit être modifié).
Cas du pointage au niveau. « ANGLE TANT DE DEGRÉS, TANT (DE MINUTES) » (cas du tir percutant et du tir fusant).

209. Au commandement : « INSCRIVEZ LA DÉRIVE », le pointeur efface la dérive inscrite sur le flasque gauche et y inscrit la nouvelle dérive.

210. Au commandement : « EN SURVEILLANCE », la pièce est, s’il y a lieu, tirée ou déchargée ; le pointeur fait marquer à son appareil de pointage la dérive de surveillance inscrite sur le flasque gauche et repointe la pièce en direction.

211. Tir à mitraille. – Ce tir s’exécute au commandement : « A MITRAILLE ».
Le tir à mitraille s’exécute, soit avec des obus percutants, soit avec des boîtes à mitraille ou des obus débouchés à l’évent zéro. On n’emploie jamais, pour ce tir, les obus explosifs.
Le tir à mitraille n’a pas besoin de beaucoup de précision, mais il doit être exécuté avec la plus grande rapidité.
Pour le faire exécuter, le chef de pièce commande : A MITRAILLE. Puis il indique, s’il y a lieu, le projectile à employer.

Dans le cas où l’on emploie pour ce tir des obus à balles ou à mitraille, le déboucheur tourne la manivelle dans le sens de la diminution des distances jusqu’à l’arrêt et débouche sans interruption.

212. Changement d’objectif. – Pour tirer sur un nouveau but, le chef de pièce commande : « CHANGEMENT D’OBJECTIF ».
But mobile. – Pour tirer sur but mobile, le chef de pièce fait le commandement : « BUT MOBILE ».

213. Halte au feu. Inscrivez la dérive. En surveillance.
Pour arrêter momentanément le feu, le chef de pièce commande : « HALTE AU FEU ». A ce commandement, le service de la pièce est arrêté au point où il se trouve ; le projectile est, s’il y a lieu, déposé sur la plate-forme, près de l’épaulement.
Les servants sont conduits par le chef de pièce, soit en arrière des traverses, soit dans les abris à personnel, soit dans un endroit défilé et protégé.
Inscrire la dérive. – Au commandement : « INSCRIVEZ LA DÉRIVE », le pointeur efface sur le tableau noir la dérive de surveillance et la remplace par la dérive qu’il lit en ce moment sur son appareil de pointage.
En surveillance. – Au commandement : « EN SURVEILLANCE », la pièce est, s’il y a lieu, tirée ou déchargée ; le pointeur fait marquer à son appareil de pointage la dérive de surveillance inscrite au tableau noir et repointe la pièce en direction.

214. Reprendre le feu. – Pour faire reprendre le feu, le chef de pièce commande : CONTINUEZ LE FEU.
A ce commandement, les servants rentrent à leurs postes et le service de la pièce est repris au point où il avait été arrêté par le commandement « HALTE AU FEU ».

Cesser le feu. – Pour faire cesser le feu, le chef de pièce commande : « CESSEZ LE FEU ».
En principe, tout obus dont l’évent est débouché doit être tiré immédiatement.
Lorsque l’évent n’a pas été débouché, la pièce est, s’il y a lieu, déchargée ; le projectile et la gargousse sont reportés au magasin ou au dépôt.
Les étoupilles qui restent sont rendues au pourvoyeur de gargousses (ou de gauche), qui les reporte au magasin.
Les servants enlèvent les armements dont ils sont équipés et les déposent sur l’affût.
Les servants sont conduits hors de la batterie à une position d’abri.

DÉSÉQUIPER LA PIÈCE.

215. Sur l’indication du chef de pièce les servants qui ont enlevé le couvre-bouche et le couvre-culasse, installé le débouchoir, garni les étuis de boîtes à mitraille, exécutent les opérations inverses. Lorsque la pièce doit être emmenée sur avant-train, le pointeur replace, s’il y a lieu, le canon sur la grande tête d’excentrique et descend à fond le support de pointage.
Le pointeur met la pièce hors d’eau.

INCIDENTS DU TIR.

216. Service avec un personnel réduit. – La charge peut s’exécuter lorsque plusieurs servants manquent, à condition qu’il reste au moins trois hommes, y compris le chef de pièce. Ce dernier répartit les fonctions entre les servants restants d’après leurs capacités et suivant les circonstances.
En général, lorsqu’il manque un servant, l’approvisionnement de la pièce est fait par un seul pourvoyeur ; s’il en manque deux, le même servant remplit les fonctions de tireur et de manœuvre ; s’il vient à manquer un autre servant, le chef de pièce le remplace.
Enfin, au besoin, on peut disposer du distributeur pour le service d’une pièce ; en ce cas les pourvoyeurs prennent eux-mêmes les munitions dans les coffres.

217. Difficultés d’ouverture de la culasse. – Difficultés d’ouverture de la culasse. – Si la culasse est encrassée, il peut arriver qu’on ne puisse faire tourner à la main la vis de culasse. En ce cas, il faut tout d’abord s’assurer que le levier-poignée (canon de 95, le linguet de sûreté) est entièrement levé, puis se faire aider par un servant qui frappe du côté voulu avec un levier de manœuvre ou la tête du refouloir sur la tête du boulon de levier-poignée (canon de 95, sur la manivelle). La culasse étant ouverte, enlever avec le couteau et une éponge mouillée les crasses qui recouvrent le champignon de la tête mobile, essuyer soigneusement les filets de la vis et de la pièce, s’assurer que la tête mobile tourne librement et essayer de refermer la culasse. Si la fermeture présente quelque difficulté, prévenir un gradé.
Il peut se faire, la vis ayant été ramenée en arrière, que le volet ne s’ouvre pas.

Canons autres que le 95. – Cet accident provient d’une des deux causes suivantes : a) Le talon du loquet a dépassé son logement et est venu coincer la vis-culasse : le chargeur n’a qu’à porter la poignée à droite en cherchant à soulever légèrement la vis ; si le talon du loquet a dépassé son logement, il y retombe et le volet s’ouvre facilement. C’est pour éviter ces difficultés qu’il est recommandé, dans l’ouverture, de ramener la vis en arrière en appuyant à droite.

b) Si la culasse ne s’ouvre pas après qu’on aura essayé ce qui vient d’être dit, cela prouve que le ressort du loquet est cassé. Dans ce cas, il suffit d’appuyer avec le premier doigt de la main droite sur le bec supérieur du loquet pour ouvrir la culasse.
Pour changer le ressort cassé, enlever la goupille de boulon de loquet, le boulon de loquet et le loquet ; débarrasser le logement du loquet des débris du ressort cassé, mettre un autre ressort et remonter le loquet.

Canon de 95. – L’accident provient de ce que le ressort du verrou est cassé. Il suffit de repousser le verrou, en introduisant le dégorgeoir dans le trou du regard du verrou.
Pour changer le ressort cassé, enlever la vis-bouchon et mettre un autre ressort.

NOTA. – La manœuvre peut d’ailleurs se continuer sans ressort, en ayant soin, chaque fois qu’on ouvre la culasse, d’opérer comme il a été dit ci-dessus.

218. Difficultés de mise de feu. – Si une étoupille se fend et reste adhérente dans le canal, il faut la retirer au moyen du dégorgeoir à vrille.
Il y a raté d’étoupille quand l’étoupille ne fonctionne pas ; dans ce cas on n’entend aucune détonation. Cet incident se produit, soit parce que l’étoupille est défectueuse, soit plutôt parce que l’amorçage et la mise de feu n’ont pas été correctement exécutés. Après un raté d’étoupille, il faut remplacer l’étoupille et mettre le feu correctement.

Il y a raté de charge quand, l’étoupille ayant fonctionné, la gargousse n’a pas détoné ; dans ce cas on n’entend que la détonation de l’étoupille. Cet incident se produit, soit parce que le canal est humide ou malpropre (ce qui ne peut arriver que si on a omis de passer le dégorgeoir dans le canal et de flamber la pièce), soit parce que le culot de la gargousse n’appuie pas contre le champignon de la tête mobile, soit enfin parce que la gargousse est très humide. Après un raté de charge, il est essentiel, pour éviter tout accident, d’attendre une demi-minute avant de se porter à la pièce ; ce temps écoulé, on est sûr qu’il n’y aura pas long feu et on peut s’approcher sans danger de la pièce ; le chargeur passe alors le dégorgeoir simple dans le canal et remet une étoupille.

S’il y a encore un raté de charge, on attend de nouveau une demi-minute ; ce temps écoulé, se porter à la pièce, ouvrir la culasse et ramener la gargousse en arrière en la faisant tourner sur elle-même ; la culasse fermée, dégorger le canal de lumière et amorcer ; mettre ensuite le feu.

219. Dégradations à l’obturateur. Si l’enveloppe de l’obturateur se déchire et que la matière plastique soit mise à nu, il n’y a pas à s’en préoccuper, l’obturateur fonctionne même après qu’il a perdu une certaine quantité de matière plastique.
Si l’obturateur, échauffé et ramolli par le tir, vient à s’encrasser et à se gonfler, on lui rend avec les doigts sa forme primitive et on le refroidit pour qu’il soit moins mou, en le mouillant avec une éponge ; puis on ferme la culasse et on applique un coup de refouloir long sur la tête mobile.
Si les bagues fendues viennent à s’ouvrir et débordent la surface de l’obturateur, on les resserre à la main.

220. Mauvais fonctionnement du frein. – 1° Si une corde du frein vient à casser, mettre en place une corde de rechange ; 2° Si l’enrayage est insuffisant parce que les moyeux ou les cordes sont graissés, on peut augmenter l’adhérence des cordes en les frottant avec de la terre sèche ou du sable ; 3° Si, dans le recul, l’affût exécute un mouvement de conversion autour d’une des roues, cela peut provenir soit des inégalités du terrain sur lequel se trouve disposée la pièce, soit de l’état des cordages. Dans le premier cas, on devra déplacer légèrement la pièce, et, dans le second, changer les cordes après le tir ; 4° Les tiges de réglage peuvent être faussées lorsque la tension des cordes devient excessive, mais cette dégradation n’a pas grande importance ; il suffit de redresser ces tiges avec un marteau quand leur flexion est assez sensible pour entraver le fonctionnement du frein.

221. Dégradations au débouchoir. – Pendant le tir, le déboucheur doit s’assurer fréquemment de l’état des lames. Dans ce but, lorsqu’il n’y a pas de projectiles dans les boîtes d’ogive, il agit sur les leviers pour faire sortir les lames. Si une lame a besoin d’être remplacée, relever le plus possible la poignée du levier pour dégager le porte-lame, saisir celui-ci par sa saillie extérieure, en le tirant à soi, changer la lame, remettre le porte-lame, l’épaulement en dessus, relever complètement la poignée du levier de manœuvre et enfoncer le porte-lame jusqu’à l’épaulement, laisser retomber le levier.

222. Dégradations à la pince-débouchoir. – Une lame étant cassée, on commence par l’enlever ; à cet effet, appuyer sur le ressort qui empêche le bouton moleté de tourner et dévisser celui-ci. Mettre une nouvelle lame et revisser à fond le bouton.

↑ Haut de page ↑

CHAPITRE IV. – ENTRETIEN COURANT DU MATÉRIEL.

224. Système de pointage.Canons de 80 et de 90. – Nettoyer les filets de la vis et les graisser. Mettre une goutte d’huile dans l’écrou de la vis, la crapaudine, la douille à vis (par le trou de graissage).

Canon de 95. – Élever la vis de toute sa hauteur ; nettoyer les filets et les graisser. Si l’écrou-pignon ne fonctionne pas, mettre un peu d’huile dans la boîte de pointage par le trou de graissage du couvercle.

225. Frein à corde. – Graisser les parties suivantes : toutes les articulations, les tiges de réglage et les canaux des tirants où elles peuvent glisser, la face supérieure et la rainure inférieure du coulisseau, les dents de la crémaillère et du taquet, le crochet de la tige de la crémaillère, les vis articulées des moraillons de palonnier du frein.
Essuyer, s’il y a lieu, les cordes de frein et la surface des gros bouts des moyeux.

↑ Haut de page ↑

Découvrez les documents d’époque sur ce type de pièce !

Laisser un commentaire