Le fort de Douaumont

Vue aérienne du fort

Source de l’image de couverture : https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meuse/histoires-14-18-reprise-du-fort-douaumont-1113949.html

Site accessible au public lors des périodes d’ouverture

Un grand merci à Julien pour m’avoir communiqué les documents issus de ses recherches au SHD !

Construit de 1884 à 1886 puis modernisé entre 1901 et 1913, c’est, avec le fort de Vaux situé à proximité, l’un des ouvrages les plus célèbres de la première guerre mondiale. Et pour cause…

Douaumont
Vue du fort dans les années 30

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Faisant partie des forts les plus puissants de la place forte de Verdun, il comprend 16 canons, dont un 155 court à tir rapide sous tourelle Galopin mle 1907 et deux 75 à tir rapide sous tourelle à éclipse, ainsi qu’une casemate de Bourges armée de deux 75. Deux tourelles pour mitrailleuse Hotchkiss, fabriquées par la Compagnie des Forges de Chatillon, Commentry et Neuves-Maisons, approvisionnées de 46 080 cartouches chacune, en assurent la défense rapprochée.

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Il est couvert par et couvre le fort de Vaux et l’ouvrage de Thiaumont (situé à côté de l’ossuaire), ce qui lui permet de verrouiller la rive droite de la Meuse.

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L’ajout d’une tourelle de 75, refusé en 1900, a été réalisé grâce au général Lerosey, qui, dans un rapport du 4 décembre 1905, met en avant ses constatations réalisées au cours d’une manœuvre. Il y précise qu’en cas d’attaque, le fort ne pourrait assurer sa défense rapprochée en raison de la faiblesse du blindage des tourelles pour mitrailleuses, les empêchant d’agir sous les bombardements, contrairement à une tourelle de 75. De même, la tourelle de 75 pourrait permettre de suppléer les tourelles de mitrailleuse car elle ne rencontre pas leurs problèmes d’enrayage et de surchauffe.

Le projet d’origine prévoyait l’installation de deux tourelles Mougin, qui ne seront jamais construites. De même, un projet de 1908, non réalisé en raison du début du conflit, prévoyait l’installation de deux tourelles de 155C au sud du fort, et d’une tourelle de 75 à tir rapide. Les puits de cette dernière et de son observatoire seront construits à la déclaration de guerre, mais ne verront jamais leurs cuirassements.

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Actif au début du conflit en tirant notamment sur des positions allemandes situées aux Jumelles d’Ornes, le fort sera désarmé en 1915. Cette décision, qui s’avèrera être une erreur, est en partie due à la remise en cause de l’utilité des forts après la chute des places belges (Liège, Anvers et Namur) et du fort de Manonviller, près de Lunéville. Les canons sont donc envoyés vers le front, ainsi que leurs équipages, et seuls subsistent 56 territoriaux chargés de garder les lieux.

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Le 25 février 1916, alors que la bataille de Verdun fait rage, le 24e régiment d’infanterie allemand réussit à s’introduire dans le fort et fait prisonnier les hommes qui s’y trouvent, sans un coup de feu. Outre la perte d’un excellent observatoire, le scandale de cette défaite sans combat ébranle l’opinion française et la reprise du fort deviens l’un des enjeux de la bataille.

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Le 22 mai 1916, une attaque française vise à récupérer le fort, mais échoue en raison d’une préparation insuffisante et d’une artillerie trop peu efficace.

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Le 24 octobre 1916, une attaque mieux préparée, en ayant notamment recours à 7 pièces d’artillerie lourde sur voie ferrée (ALGP : artillerie lourde à grande puissance) bombardant le fort durant 4 jours, créant des brèches et tuant nombre d’occupants (dont une cinquantaine de blessés dans l’infirmerie). Les troupes d’infanterie coloniale engagées reprendront le fort avec succès. Dès lors, des travaux seront entrepris pour renforcer la sécurité des hommes : création de puits de 30 mètres de profondeur, menant à des galeries qui relient les principaux organes de combats et des sorties à l’extérieur du fort : ce sont les fameuses « galeries de 17 », et d’un observatoire bétonné.

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Le passage des allemands a laissé des traces, notamment avec l’installation de groupe électrogènes, la création de 60 mètres de galerie souterraine, ou la peinture de fresques sur les murs. De même, un incendie accidentel ayant coûté la vie à 900 hommes a entraîné la construction d’une sépulture souterraine dans une traverse abri. L’autel installé dans la galerie centrale ne marque donc pas l’emplacement d’une sépulture, le mur ayant été construit pour obstruer une brèche dans la voute du fort (il est vrai que couper la principale voie de circulation ne se serait pas faite sans raison valable). De même, certaines chambrées effondrées servent de sépulture aux soldats qui s’y trouvaient quand l’obus a frappé le 14 décembre 1916.

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Les dessus du fort, complètement bouleversés, témoignent de la violence des combats, en particuliers des bombardements : 120 000 obus y sont tombés d’octobre 1914 à novembre 1917. De nombreux corps y sont encore enterrés, certains ont notamment été retrouvés lors de l’aménagement du parking.

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L’histoire du fort ne s’arrête pas là. Le 15 juin 1940, la tourelle Galopin tirera encore quelques coups sur les troupes allemandes, avant d’être sabordée, tout comme la tourelle de 75, afin que les allemands ne s’en servent pas. Elle connaitra alors un repos bien mérité.

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En mai 2018, la restauration des extérieurs du fort est achevée, permettant un passage par l’entrée de guerre du fort. Une image valant mieux que les mots, je vous laisse constater les changements dans la galerie ci dessus.

2 commentaires sur « Le fort de Douaumont »

  1. Grand merci pour ce rappel bien documenté … particulièrement sur le fait que l’ouvrage a été à nouveau mis à contribution en juin ’40… Je me suis toujours douté que ces ensembles avaient été réarmés dans l’entre deux guerres à voir l’état intact des béton autour des tourelles, à voir l’état impeccable des casemates de Bourges , particulièrement celle de Froideterre… Question : l’ouvrage de Thiaumont est-il visitable ? Bonne journée !

    1. Bonjour Gérald,

      L’ouvrage de Thiaumont a été totalement rayé de la carte. Il subsiste des restes (notamment un observatoire cuirassé détruit, l’axe d’une tourelle de mitrailleuse et des barres d’acier du béton armé), visibles en surface. Le site est accessible librement, à gauche de l’ossuaire, derrière le monument israélite.